Les études de médecine sont-elles malades ?

Cette année universitaire se termine avec un goût amer sur fond de colère. Alors qu’une étude publiée récemment démontrait qu’un jeune médecin sur quatre serait dépressif et que 66 % éprouveraient de l'anxiété, l’annulation de deux épreuves classantes nationales vient achever les étudiants en médecine.

La colère est palpable, aussi bien sur les pavés de la place Larue à Paris, à quelques mètres du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, où se sont rassemblés plus de 200 étudiants en médecine, que sur les réseaux sociaux où le hashtag #PromoFiasco rassemble les tweets d’étudiants à bout.

En cause, l’annulation à la suite de dysfonctionnements, de deux épreuves classantes nationales qui se déroulent sur trois jours, à la fin de la sixième année d’études de médecine et qui sont déterminantes dans la carrière des futurs médecins. Selon leur classement, les étudiants choisissent leur centre hospitalier universitaire d’affectation et leur spécialité.

« Quand l’incompétence se mêle à l’irrespect ! » titrait l’ANEMF (Association Nationale des Etudiants en Médecine de France) dans un communiqué après l’annonce de l’annulation de deux ECNi. Ce sont près de 8900 étudiants qui ont donc dû repasser ces épreuves le 22 juin dernier, fruit d’une reconduite d’annales de 2016 et d’un sujet déjà proposé lors de la préparation au concours dans l’une des 37 UFR de médecine. Mais c'est aussi la preuve d'un malaise de l'enseignement de la médecine en France.

Dans une étude menée entre autre par l'ANEMF et l'ISNI et publiées récemment, il a été démontré que les jeunes médecins vont mal. Le rythme de travail, les violences psychologiques et l’absence de soutien des supérieurs hiérarchiques sont autant de facteurs qui conduisent une grande partie des jeunes soignants dans des situations de détresse psychologique importante. En attendant que les propositions pour éradiquer ce malaise qui gangrène la profession soient appliquées, les dysfonctionnements des ECN de 2016 et 2017 assomment les étudiants épuisés.

« Quand des professeurs des universités, censés encadrer ces mêmes études, sont incapables de produire des Dossiers Cliniques de novo pour un concours ayant de tels enjeux, comment croire une seule minute de plus en leur capacité de discernement entre ce qui doit relever de la compétitivité saine et amicale entre les facultés et l’élitisme malsain qui ronge notre profession ? » déclarait Antoine Oudin, président de l’ANEMF dans ce même communiqué.

A la demande de l’ANEMF, s’est organisée, dans la semaine, une rencontre avec la ministre de la santé et des solidarités, Agnès Buzyn, et la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Frédérique Vidal, afin de rendre compte de l’ingérence de ces dernières ECNi et dans le même temps de mettre en place des engagements pour enquêter sur l’ensemble des dysfonctionnements et assurer le bon déroulement des ECNi futures. 

Hier, alors que le Président du conseil scientifique en médecine, responsable de l'élaboration des sujets, présentait ses excuses « pour les sévères et regrettables désagréments subis par tous les candidats »,  les résultats des ECN ont été publiées, moins d’une semaine après la fin des épreuves, avec son lot de joie et de tristesse, et surtout en espérant que les promotions futures n’auront pas à vivre le même fiasco que les ECNi 2017.