Covid-19 : la newsletter du Pr Adnet<br>(N°60 - 06 octobre)

Côté vaccins... Nouveau-nés : ils semblent protégés par la vaccination des mères. Adultes : une nouvelle étude de grande ampleur confirme l'efficacité contre les formes graves. Enfants : annonce des premiers résultats. Une meilleure protection chez les personnes vaccinées et préalablement infectées. Traitement : l'annonce de résultats encourageants pour le molnupiravir. Enfin, parmi les coronavirus, le SARS-CoV2 est celui pour lequel le délai avant réinfection semble le plus court.

Frédéric Adnet est professeur agrégé de Médecine d'Urgence et chef des Urgences de l’Hôpital Avicenne et du SAMU 93. À la fois chercheur et médecin, il fait régulièrement le point sur la Covid-19. Après 46 numéros d'une Foire Aux Questions (FAQ) quotidienne, il publie désormais une newsletter. Nous la reproduisons ici avec son aimable autorisation. 

Sa FAQ a connu un succès phénoménal. À l'origine destinée aux professionnels de son service, elle est maintenant traduite en plusieurs langues. Dans son interview, Frédéric Adnet revient sur ce succès et explique son attachement à l'Evidence-based medicine. 

Frédéric Adnet est également l'auteur de l'ouvrage Les Fantassins de la République - Urgence COVID, un printemps en enfer, paru en octobre 2020.

 

INDEX et liste des FAQ / Newsletters


NEWSLETTER N°60 (06 octobre 2021)

 



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VACCINS



Les vaccins protègent les nouveau-nés !

Voici un travail de recherche original qui répond à une question sérieuse : les parturientes vaccinées protègent-elles leurs nouveau-nés contre la Covid-19 ? En étudiant 64 parturientes vaccinées avec le vaccin Pfizer-BioNTech® et 11 parturientes convalescentes de la Covid-19, les auteurs ont examiné le taux d’anticorps des nouveau-nés à la naissance. Ils ont prélevé du sang du cordon et des échantillons sanguins de la maman et du bébé (American Journal of Obstetrics-Gynecology ; sous presse). 

Tous les prélèvements maternels étaient positifs pour les IgG et 98,3% des prélèvements de sang ombilical étaient positifs.
Il y avait une corrélation entre la concentration des anticorps de la maman et celle du bébé. Le taux de transfert materno-fœtal des immunoglobulines a été estimé à 0,77 (77% des immunoglobulines sont transmises au bébé). 

Bon... Le bébé est protégé à la naissance. Raison de plus pour vacciner les femmes enceintes !

 

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Corrélation entre le taux sanguin des anticorps anti-SARS-CoV-2 des mamans et des nouveau- nés.
Il existe une corrélation positive significative.



Impact de la vaccination sur les hospitalisations dues à la Covid-19

Il est généralement admis que la vaccination diminue la probabilité de survenue des formes graves donc les hospitalisations qui en découlent (cf newsletter n°58). Aux États-Unis, une vaste enquête d’une durée de six mois a pu mesurer l’efficacité du vaccin à ARNm (Pfizer-BioNTech®) d’une part sur la probabilité de contracter la maladie et d’autre part sur celle d’être hospitalisé pendant une période de suivi de six mois (Lancet, 4 octobre 2021).

Nous avons donc bien la preuve que cette vaccination n’empêche pas les formes mineures mais reste très efficace sur les formes graves entraînant une hospitalisation.

  

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(A) : pourcentage d’efficacité du vaccin ARNm Pfizer-BioNTech® sur l’apparition de la maladie. Cette efficacité décline au cours du temps.
(B) : pourcentage d’efficacité du vaccin ARNm Pfizer-BioNTech® sur les hospitalisations dues à la Covid-19. Cette efficacité reste constante et élevée au cours du temps.



Vaccins chez les enfants : premiers résultats

Un communiqué de presse des laboratoires Pfizer-BioNTech® dévoile les premiers résultats des essais du vaccin à ARNm sur des enfants. Il s’agit de recruter 4.500 enfants de 6 mois à 11 ans dans 4 pays et 90 centres investigateurs au cours d’un essai contre placebo. 

Le communiqué révèle des résultats préliminaires concernant la réponse immunitaire biologique (dosage des anticorps ) pour un groupe d’enfants âgés de 5 à 11 ans avec deux administrations de vaccins dosés à 10 µg (dose réduite par rapport aux adultes) à 21 jours d’intervalle.

Ces résultats vont dans le sens d’une bonne tolérance avec une réponse immunitaire forte et comparable aux jeunes adultes de 16 à 25 ans.



Immunité cellulaire des patients infectés/vaccinés vs. naïfs/vaccinés

Nous avons vu que les patients infectés et vaccinés avaient une immunité probablement plus robuste que les patients indemnes de la Covid-19 (patients naïfs) et vaccinés (newsletter n°59). En analysant l’immunité cellulaire, et en particulier les lymphocytes B «mémoires» chargés de produire les anticorps lors d’une infection, un groupe de chercheurs a pu étudier les différences de réponses immunitaires entre les patients naïfs et vaccinés et les patients vaccinés et par ailleurs préalablement infectés par le SARS-CoV-2 (Immunity, sous presse).

Résultats

Conclusion : il vaut mieux être infecté/vacciné que vacciné tout court !
Plus sérieusement, ce travail met en évidence la nécessité d’un renforcement immunitaire après la vaccination. Une troisième dose généralisée ?

[Merci au Dr. Axel Ellrodt]

 

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Nombre de mutations intéressant le gène de la région VH (domaine variable de la chaine lourde des immunoglobulines) des lymphocytes T mémoires, dont le nombre est corrélé à une réponse immunitaire cellulaire efficace (persistante).
On remarque l’effet « booster » de la vaccination sur les patients infectés (à gauche, ronds bleus) alors que cette réponse est présente mais plus faible pour les patients naïfs (ronds blancs) du virus.
Les barres rouges représentent le nombre médian.



 

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TRAITEMENTS



Molnupiravir : qu’en est-il exactement ?

Ce médicament déveoppé par le laboratoire Merck® semble attirer l'attention. C’est un antiviral direct, inhibant la réplication virale du SARS-CoV-2, et qui a l’immense avantage de se présenter sous forme de comprimés.

Un communiqué de presse de ce laboratoire nous laisse entrevoir des résultats spectaculaires (Merck® new release, 1er octobre 2021). Il annonce l’arrêt prématuré d’un essai randomisé, en double aveugle contre placebo, incluant des patients à risque, ambulatoires et atteints de la Covid-19. Le comité de suivi a décidé l’arrêt de cet essai au vu des analyses montrant un réel bénéfice dans le groupe avec le traitement.

Bon, affaire à suivre… Nous avons déjà été tellement échaudés par des annonces miraculeuses…

 

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CLINIQUE



Quel délai avant une réinfection ?

C’est une question fondamentale : à partir de quand avons-nous un risque important de réinfection par le SARS-CoV-2 après avoir contracté la maladie Covid-19 ? Autrement dit, à partir de quand le rappel de vaccin devient nécessaire ? C’est à cette question qu’a tenté de répondre un groupe de chercheurs américains en analysant les épidémies de coronavirus proches du SARS-CoV-2 : SARS- CoV (responsable du SRAS), MERS-CoV et trois coronavirus «gentils» responsables de rhumes bénins : 229E, OC43, NL63 (Lancet Microbe, 1er octobre 2021). 

On s’oriente donc vraiment sur la nécessité de rappels de vaccination même après avoir été contaminé ! 

[Merci au Dr Axel Ellrodt]

 

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Évolution de la probabilité de ne pas se faire réinfecter après une infection par coronavirus (A= SARS-CoV-2, B= SARS-CoV, C=MERS -CoV).
Le T0 correspond au pic des immunoglobulines atteint après la première infection.
Le trait vertical correspond au délai médian de réinfection.
On remarque que ce délai est le plus court pour le SARS-CoV-2 (16 mois).


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