Ukraine : l'hospitalisation privée européenne mobilisée (Paul Garassus)

Dans les pays frontaliers de l'Ukraine, l'Union Européenne de l'Hospitalisation Privée coordonne les actions des établissements qui viennent en aide aux réfugiés. Interview du Dr Garassus, président de l'UEHP.

Paul Garassus, neurologue, est le président de l’Union européenne de l’hospitalisation privée (UEHP) qui représente douze fédérations nationales*, soit plus de 5.000 établissements de santé privés. L’objectif de l’UEHP est de promouvoir l’hospitalisation privée en Europe en tant que service complémentaire au système hospitalier public. Ses principes : garantir l'égalité d'accès aux soins, la qualité des soins et la viabilité des systèmes de santé. En Europe, 20% de l’offre hospitalière est gérée par des acteurs privés.


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Dr Garassus, comment s’engage l’UEHP pour soutenir le peuple ukrainien ? 

Les grands pays voisins de l’Ukraine, qui accueillent les flots de réfugiés, font partie de l’UEHP. Nous coordonnons les efforts des établissements privés en Pologne, Roumanie et Moldavie. Plus de deux millions de personnes ont fui en quinze jours vers ces trois pays. Pour les aider, il y a heureusement un véritable raz de marée de bonnes volontés, dont nombre d’hôpitaux privés qui s'engagent très concrètement. 

L’afflux de réfugiés est massif en Pologne. La priorité est à l’hébergement d’urgence. Là-bas, les hôpitaux privés mettent à disposition leurs locaux, des lits, des couvertures pour ouvrir et équiper des centres d’accueil transitoires. Les peuples ukrainiens et polonais sont proches, leurs langues sont proches. Ils ont en commun un passé douloureux. L’élan de solidarité est d’autant plus fort.

En Moldavie, des cliniques situées près des frontières ont ouvert leurs portes aux réfugiés. Ils y sont soignés gratuitement, 24h/24. Je sais qu’il existe aussi des initiatives similaires en Roumanie, Slovaquie et Hongrie.  


Quelles difficultés rencontrez-vous ? 

Sur le terrain, le problème le plus aigu est d’ordre logistique. Il faut stocker et acheminer le matériel, notamment médical, destiné à l’Ukraine. En Pologne, il y a maintenant des entrepôts. Nous avons des contacts sur place qui nous envoient chaque jour la liste du matériel recherché, et nous savons où l’envoyer.

La vraie difficulté vient ensuite. Comment transférer vers le territoire ukrainien, et plus encore vers les zones de front, tout ce matériel ? Pour l’instant, il n’y a pas vraiment de filières, donc de convois. Des petits colis sont confiés aux personnes qui entrent en Ukraine, mais il est difficile de savoir ce qui arrive à bon port. 

Nous suivons deux pistes pour adapter notre aide aux besoins du terrain. D’abord, nous récupérons des fonds pour financer le transport du matériel. Paradoxalement, le besoin porte plus maintenant sur l’argent pour le convoyage que sur le matériel lui-même. La Fédération de l’hospitalisation privée autrichienne, l’une des douze fédérations membres de l’UEHP, a montré l’exemple en offrant spontanément 30.000 euros. D’autres ont suivi.

Ensuite, nous sommes en contact avec les grandes institutions européennes, que ce soit l’Union européenne ou le Comité international de la Croix-Rouge. Ces instances sont en train de se coordonner afin d’utiliser les couloirs humanitaires qui s'ouvrent enfin. L’UEHP s’est mise à leur disposition. 


(Propos recueillis par Benoît Blanquart)


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Paul Garassus


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