Traiter la leucémie lymphoïde chronique sans chimiothérapie

Le Congrès de l'American Society of Oncology a été marqué le 4 juin par la présentation pour la première fois des résultats d’une étude portant sur la leucémie lymphoïde chronique, publiés simultanément dans le New England Journal of Medicine.

Le Congrès de l'American Society of Oncology a été marqué le 4 juin par la présentation pour la première fois des résultats d’une étude portant sur la leucémie lymphoïde chronique, publiés simultanément dans le New England Journal of Medicine.

La majorité des patients d'un âge avancé atteints de leucémie lymphoïde chronique (LLC) souffrent également des pathologies concomitantes majeures. Par conséquent, ces patients n’étaient jusqu’alors pas traités par des thérapies intensives. La norme était plutôt un traitement à vie avec des substances ciblées comme l'ibrutinib ou encore une chimiothérapie « douce » (par exemple avec du chlorambucil) en association avec un anticorps (par exemple de l’obinutuzumab).

Grande étude internationale de phase 3 - CLL14

L'étude randomisée internationale de phase 3 - CLL14 a évalué l’efficacité de la combinaison - sans chimiothérapie - d'un traitement ciblé (venetoclax) avec un anticorps (obinutuzumab). Cette efficacité a été comparée à celle du traitement standard par chlorambucil-obinutuzumab. Au total, 432 patients d'un âge médian de 72 ans ont été inclus dans l'étude qui a duré un an. Les participants ont reçu soit six mois de venetoclax-obinutuzumab suivis de six mois de venetoclax, soit six mois de chlorambucil-obinutuzumab suivis de six mois de chlorambucil.

67 % moins de risque de progression ou de décès

Les résultats de l'étude ont montré que l'association avec le venetoclax réduisait le risque de progression de la maladie ou de décès de 67 % par rapport au chlorambucil-obinutuzumab chez les patients atteints d’une LLC n'ayant jamais été traitée et de pathologies coexistantes (HR = 0,33 ; IC 95% : 0,22-0,51 ; P < 0,0001). Le taux de réponse global (ORR) était de 85 % (IC 95 % : 79 %-89 %) avec venetoclax-obinutuzumab contre 71 % (IC 95 % : 65 %-77 %) dans le groupe témoin (P = 0,0007). Le taux de rémissions complètes (CR) ou de CR avec récupération hématologique incomplète (CRi) était de 50 % contre 23 % (P < 0,0001).

3 mois après le traitement, aucune maladie résiduelle minimale de la moelle osseuse n'a pu être détectée chez 57 % des patients du groupe venetoclax-obinutuzumab, ce qui n'était le cas que chez 17 % des patients du groupe chlorambucil-obinutuzumab. Dans le sang périphérique, 76 % des patients ne présentaient aucune maladie résiduelle minimale contre 35 % dans le groupe chloromabucil.

Évaluation de l'innocuité

La période médiane de suivi était de 28 mois (intervalle de 0,1 à 36 mois). La survie sans progression (PFS) médiane n'a pas été atteinte dans les deux groupes. L'évaluation de l'innocuité a porté sur 212 patients du groupe venetoclax et 214 patients du groupe témoin. Les effets secondaires les plus fréquents de niveau de gravité 3 dans le groupe venetoclax étaient des effets hématologiques toxiques (60 % contre 55 % dans le groupe témoin) dont la neutropénie (53 % contre 48 % dans le groupe témoin) et la thrombocytopénie (14 % contre 15 %).

Les autres effets secondaires courants étaient les infections (18 % vs 15 %) et les réactions à la perfusion (9 % vs 10 %). Dans le groupe venetoclax, les effets secondaires ont entraîné des suspensions de traitement chez 74 % des patients, des réductions de dose chez 21 % d’entre eux, et l’arrêt du traitement pour 16 % des patients.

Agrément de la FDA

Suite aux résultats de l'étude CLL14, l'association de venetoclax et d'obinutuzumab a été approuvée par la Food and Drug Administration des États-Unis en traitement de première intention des patients atteints de LLC ou de lymphome à petits lymphocytes.