Maladie de Verneuil, un traitement recommandé par l’EMA

La maladie de Verneuil ou hidradénite suppurée est une maladie dermatologique chronique se manifestant par des nodules, abcès ou fistules inflammatoires au niveau des glandes apocrines (aisselles, aine, anus, poitrine …). Elle toucherait presque 1% de la population européenne et 2 à 5 fois plus les femmes que les hommes. Dans 30 à 40% des

La maladie de Verneuil ou hidradénite suppurée est une maladie dermatologique chronique se manifestant par des nodules, abcès ou fistules inflammatoires au niveau des glandes apocrines (aisselles, aine, anus, poitrine …). Elle toucherait presque 1% de la population européenne et 2 à 5 fois plus les femmes que les hommes. Dans 30 à 40% des cas la maladie de Verneuil aurait une forme héréditaire. Pour la première fois, un médicament a été recommandé par l’EMA dans le traitement de cette pathologie: l’adalimumab (Humira).

Un anti-TNFalpha qui fait ses preuves…

L’adalimumab a été mis sur le marché en 2003 initialement pour le traitement de l’arthrite rhumatoïde active puis pour d’autres maladies inflammatoires (psoriasis, spondylodiscite ankylosante, maladie de Crohn…). Il s’agit d’un anticorps monoclonal anti TNF-alpha (tumor necrosis factor) qui permet de diminuer la réponse inflammatoire et ainsi les symptômes de la maladie. L’EMA souhaiterait élargir ses indications à l’hidradénite suppurée modérée à sévère n’ayant pas répondu au traitement systémique conventionnel.

En effet, actuellement dans l’Union Européenne, le traitement courant de la maladie de Verneuil repose sur des recommandations de sociétés savantes. Il se compose d’antibiotiques locaux et généraux (soulageant ainsi les poussées infectieuses mais n’arrêtant pas la suppuration continue), d’antiseptiques, de rétinoïdes, d’antiandrogènes, d’immunosuppresseurs ou encore de chirurgie et/ou de laser pour les formes sévères. Le simple drainage est inefficace, il faut donc effectuer une exérèse des tissus atteints pour éviter les récidives. Il est parfois nécessaire de greffer de la peau au patient pour pallier les grandes pertes cutanées. Les traitements médicaux sont pris au long cours. Pour les formes résistantes, le comité des médicaments à usage humain (CHMP) estime qu’il existe un besoin médical insatisfait. Bien que la composante inflammatoire soit indéniable, les anti-inflammatoires sont contre-indiqués car ils aggravent les lésions.

Améliorer la symptomatologie mais aussi la qualité de vie

Cette nouvelle recommandation de l’EMA repose sur deux études principales PIONEER I et II portant sur 633 patients randomisés en deux groupes recevant un antiseptique mais l’un avec l’adalimumab et l’autre avec un placebo pendant 12 semaines. Le nombre d’abcès et de nodules inflammatoires a significativement diminué chez les patients ayant reçu le traitement.

À la fin de l’essai, une proportion significativement plus importante des patients traités par adalimumab a ressenti une diminution de la douleur cutanée liée à l’hidradénite. Les effets indésirables observés étaient les mêmes qu’avec les autres indications de l’adalimumab. Un plan de suivi de cette molécule sera mis en place pour évaluer sa sécurité sur le long terme car elle peut parfois engendrer des risques d’infection ou de malignité.

L’hidradénite suppurée a un retentissement très important sur le quotidien des patients. Il leur est parfois impossible de travailler, d’être scolarisé ou de réaliser certaines activités physiques. Les conséquences psychologiques ne sont pas négligeables. Lorsque la suppuration est anopérinéale, la localisation est considérée comme honteuse et les interventions chirurgicales itératives sont très handicapantes. L’aspect esthétique des suppurations ou des cicatrices altère la qualité de vie des patients. De plus, les malades connaissent souvent une errance diagnostique initiale même si la maladie est de mieux en mieux connue et reconnue, suivie d’une errance thérapeutique marquée par des échecs.

Cette décision du CHMP est une étape vers l’accès à l’adalimumab pour les patients. La Commission Européenne doit accepter cette modification des indications. Une fois l’extension adoptée, chacun des pays membres devra fixer le prix et le remboursement de la molécule en fonction de son propre système de soin et du rôle potentiel qu’elle pourra avoir dans le traitement de la maladie de Verneuil.

Texte : esanum