Taux de détection des adénomes : le taux cible doit dépendre de l'âge

Les polypes importants sont plus fréquents chez les personnes âgées, mais les indicateurs de performance ne tiennent pas compte de l'âge dans les taux de détection des adénomes.

Les taux de détection des adénomes (TDA) diffèrent considérablement d'un groupe d'âge à l'autre, les polypes cliniquement importants étant plus susceptibles d'apparaître chez les personnes âgées.

« Ces résultats suggèrent que les futurs indicateurs de performance clés pour les coloscopies devraient en tenir compte », a déclaré le Dr Ross Sayers, du Queen Elizabeth Hospital de Londres. Il présentait ces données lors d'une session de l’UEG Week consacrée à l’amélioration du dépistage du cancer colorectal.

L'étude du Dr Sayers aborde la question de l'utilisation d'un TDA standard (15 %) appliqué à toutes les tranches d’âge de la population du Royaume-Uni mais qui pourrait ne pas s'appliquer à la population des patients plus jeunes. « Les coloscopistes disent souvent qu'ils trouvent cette catégorie trop large et qu'elle ne reflète pas leur expérience de la coloscopie » souligne le Dr Sayers.

« Le TDA est une mesure de la qualité de l'examen coloscopique, et il fait l'objet d'une grande attention dans les programmes de dépistage du cancer du côlon. Étant donné la pathogenèse des adénomes, les coloscopistes qui examinent une plus grande proportion de patients plus jeunes  - souffrant par exemple plutôt de maladies intestinale inflammatoires - pourraient s'attendre à rencontrer moins d'adénomes » précise le Dr Sayers. « Auquel cas, un coloscopiste ne produirait pas un TDA équivalent à ses confrères qui traitent principalement des patients âgés. »

Il souligne que les TDA varient selon la nature de la population examinée et l'indication d'une coloscopie : « Il y a des preuves d'une grande variation dans les TDA avec un TDA global de 15,9 % (à l'exclusion de la coloscopie de dépistage). »

Quantification selon l’âge

L'étude visait à quantifier les TDA en fonction de l'âge. Pour ce faire le Dr Sayers a analysé les données provenant de son seul centre, dans un hôpital général du district de Londres, qui n'est pas un centre de dépistage.

Il a interrogé rétrospectivement la base de données d'endoscopie de l'hôpital sur une période de trois ans, soit les données de 7 928 coloscopies parmi lesquelles 2 369 ont détecté des polypes. Ces coloscopies positives ont ensuite été divisées en trois groupes d'âge : 20-39 ans, 40-59 ans et 60-90 ans. Un échantillon de 100 personnes de chacun de ces groupes d'âge a été examiné.

Un taux brut de détection des polypes a été déterminé pour chaque groupe d'âge. L'histologie a été utilisée pour confirmer le pourcentage d'adénomes, de polypes sessiles ou dentelés et de carcinomes et les taux prévus de polypes d'importance clinique pour l'ensemble de données sur trois ans.

Les taux bruts de détection des polypes varient selon le groupe d'âge :

« Tous les groupes d'âge ont montré des différences statistiquement significatives (p<0,001) dans le taux brut de détection des polypes » rapporte le Dr Sayers.

Lors de l'examen histologique des 100 échantillons de chaque groupe d'âge pour les adénomes, les polypes sessiles ou dentelés et les carcinomes, le nombre de polypes importants sur le plan clinique a été identifié :

Des différences statistiquement significatives ont été observées entre les groupes d'âge inférieur et moyen (p<0,01) et entre les groupes d'âge inférieur et supérieur (p<0,001), mais pas entre les groupes d'âge moyen et supérieur (p=0,16).

Pour l'ensemble des données, les taux de détection prévus par groupe d'âge étaient :

les différences entre tous les groupes étant statistiquement significatives.

« Ces résultats suggèrent que les polypes cliniquement importants sont plus susceptibles d'apparaître chez les patients plus âgés, ce qui correspond aux données antérieures. Nous suggérons que les cibles de TDA devraient en tenir compte, avec l'établissement de cibles en fonction de l'âge. »  a conclu le Dr Sayers.