TACE : chimioembolisation transartérielle pour le carcinome hépatocellulaire

Les procédures interventionnelles locales sont de plus en plus utilisées chez les patients atteints de tumeurs hépatiques primaires et secondaires. Comment fonctionne la chimioembolisation transartérielle dans le cas du CHC ?

Pour qui et comment fonctionne la chimioembolisation transartérielle ?

La chimioembolisation transartérielle ou TACE (acronyme anglais de Transcatheter arterial chemoembolization) est une option thérapeutique reconnue pour les patients atteints de carcinome hépatocellulaire (CHC)1. Le CHC est la tumeur maligne du foie la plus fréquente et survient généralement chez les patients atteints de cirrhose et/ou d'hépatite. Actuellement, l’intervention est recommandée à partir du stade intermédiaire selon les critères établis par le « Barcelona Clinic Liver Cancer »2 (stade B de la classification BCLC, Child-Pugh A/B).

Pendant l’intervention, des médicaments cytostatiques sont délivrés localement dans les vaisseaux qui alimentent la tumeur. La doxorubicine et la mitomycine C sont approuvées pour le traitement du CHC. Les médicaments cytostatiques sont mélangés à des particules d'embolisation, ce qui ralentit la circulation sanguine et prolonge la durée d'action de la chimiothérapie dans le tissu tumoral. Il en résulte une réduction de la taille de la tumeur, une prolongation de la durée de survie et une amélioration des symptômes.

L'une des considérations les plus importantes en matière de TACE est la sélection des patients. Les directives européennes la recommandent pour les patients atteints d’hépatocarcinome inopérable et dont la fonction hépatique est encore relativement bonne. Les patients présentant un stade avancé et un dysfonctionnement hépatique doivent envisager d'autres options thérapeutiques, telles que la radiothérapie interne sélective (SIRT) ou l'immunothérapie 2.

Elle peut être utilisée seule ou en association avec d'autres thérapies telles que l'ablation par radiofréquence ou la chirurgie. Chez les patients atteints de tumeurs de grande taille, elle peut être utilisée pour en réduire la taille avant l'intervention chirurgicale afin de réduire le risque de complications.

À quoi faut-il être attentif, pour les patients qui reçoivent régulièrement une chimioembolisation ?

La chimioembolisation transartérielle est une option thérapeutique sûre, mais comme pour toutes les procédures médicales, des complications peuvent survenir. Un effet secondaire typique est ce que l'on appelle le "syndrome post-embolisation". Il s'accompagne d’un ensemble de symptômes tels que des nausées, une pression dans la partie supérieure de l'abdomen, des douleurs, des douleurs articulaires et des sueurs 3. C’est pourquoi, les patients sont hospitalisés pendant deux ou trois jours afin de détecter et de traiter rapidement les complications potentielles.

Lorsque les médecins généralistes ont en consultation des patients qui devraient recevoir ou ont reçu une TACE pour le traitement de tumeurs hépatiques primaires ou secondaires, ils doivent être particulièrement vigilants à ces points afin d'assurer un suivi et une surveillance appropriés :

  1. Vérifier la posologie des médicaments : les nouveaux anticoagulants oraux (NACO) doivent être arrêtés au moins deux jours avant l'intervention. Les nausées et les douleurs peuvent durer jusqu'à deux semaines après le traitement, des antiémétiques ainsi que des opiacés faibles peuvent alors être prescrits.
  2. Surveillance des complications :fièvre, nausées, vomissements et douleurs comptent parmi les complications possibles. Les médecins généralistes doivent régulièrement vérifier si le patient présente de tels symptômes et les traiter. Si les patients prennent des anticoagulants, la région de l'aine doit être contrôlée afin de détecter un éventuel saignement ou une trace d'anévrisme au niveau du point de ponction.
  3. Examen régulier de la fonction hépatique : la fonction hépatique peut être altérée après l’intervention, des analyses de sang (ALAT, ASAT, Gamma-GT, PAL, bilirubine, albumine) doivent être régulièrement effectuées pour s'assurer de la stabilité de la fonction hépatique.
  4. Surveillance des effets secondaires à long terme : la chimioembolisation peut avoir des effets secondaires à long terme, tels que des dommages sur les tissus environnants ou systèmes organiques. Une surveillance régulière de la fonction pulmonaire et de la glycémie doit être mise en place.
  5. Coordination avec l'oncologue et le radiologue interventionnel : une étroite collaboration entre l’oncologue, le radiologue et le médecin généraliste est primordiale afin d'assurer une surveillance et un suivi appropriés.

Pour conclure, la TACE, recommandée par les directives européennes, est prometteuse dans le traitement du CHC. Cependant, la sélection des patients et la surveillance des complications potentielles sont cruciales pour le succès du traitement.

Références :
  1. En allemand : Zangos S, Gille T, Eichler K et al. Transarterielle Chemoembolisation bei hepatozellulären Karzinomen: Technik, Indikationsstellung, Ergebnisse. Radiologe 2001; 41: 906–914
  2. En anglais : Zane KE, Nagib PB, Jalil S, Mumtaz K, Makary MS. Emerging curative-intent minimally-invasive therapies for hepatocellular carcinoma. World J Hepatol 2022; 14(5): 885-895
  3. En anglais : Blackburn H, West S. Management of Postembolization Syndrome Following Hepatic Transarterial Chemoembolization for Primary or Metastatic Liver Cancer. Cancer Nurs. 2016 Sep-Oct;39(5): E1-E18. doi: 10.1097/NCC.0000000000000302.