Les statines auraient plus de bénéfices que d’effets secondaires

Une étude publiée dans The Lancet  affirme que les bénéfices des statines ont été sous-estimés et leurs effets indésirables exagérés. Cette affirmation pourrait contribuer à calmer la polémique ayant conduit des patients à arrêter ces traitements. Le Pr Rory Collins, de l’Université d’Oxford a passé en revue, avec d’autres cher

Une étude publiée dans The Lancet  affirme que les bénéfices des statines ont été sous-estimés et leurs effets indésirables exagérés. Cette affirmation pourrait contribuer à calmer la polémique ayant conduit des patients à arrêter ces traitements.

Le Pr Rory Collins, de l’Université d’Oxford a passé en revue, avec d’autres chercheurs, 30 études incluant 140.000 personnes. Il a indiqué : “Nos résultats montrent que le nombre de gens qui évitent des infarctus et des accidents vasculaires cérébraux est beaucoup plus important que le nombre de gens qui ont des effets secondaires”.

Les statines existent depuis une trentaine d’années et sont prescrites pour faire baisser le taux de cholestérol. Elles permettent ainsi de prévenir les risques cardiovasculaires, notamment en cas d’antécédent cardiaque. Mais elles sont de plus en plus largement prescrites à titre préventif, dès lors que le taux de cholestérol d’un patient dépasse certains seuils. Ces derniers sont variables selon les situations ou les pays.

Selon l’étude,  une réduction du taux de cholestérol LDL (ou “mauvais cholestérol) de 2 mmol/L obtenue grâce à un traitement par statine donné pendant 5 ans à 10.000 patients permettrait de prévenir des événements cardiovasculaires majeurs tels que les infarctus ou des AVC provoqués par des caillots  chez 1.000 personnes ayant déjà des antécédents cardiaques (soit 10%) et chez 500 personnes présentant seulement des facteurs de risques (soit 5%). Quant aux effets indésirables, les plus courants sont les douleurs musculaires. Sur 10.000 patients traités pendant 5 ans, on observe ainsi 5 cas de myopathie (une maladie qui touche les muscles) dont un cas pouvant évoluer vers la rhabdomyolyse (aboutissant à une destruction de tissus musculaires).

Cinq à 10 cas d’AVC hémorragiques ont également été associés aux statines chez 10.000 patients traités pendant 5 ans, ainsi que 50 à 100 nouveaux cas de diabète, pour la plupart apparus peu après le début du traitement et chez des patients présentant des facteurs de risques pour cette maladie. Mais selon les auteurs de la revue, des essais randomisés (dans lesquels les malades sont répartis dans deux groupes recevant soit le traitement soit le placebo par tirage au sort) auraient montré que “pratiquement tous” les effets indésirables attribués aux statines ne seraient en réalité pas causés par ces médicaments.

En France, où plus de 5 millions de personnes prennent des statines, soit un marché évalué à 2 milliards d’euros, plusieurs médecins ont lancé des offensives contre ces médicaments. Dans “la vérité sur le cholestérol”, un ouvrage publié en 2013, le Pr Philippe Even estimait que les statines étaient prescrites inutilement dans au moins 9 cas sur 10, une affirmation immédiatement contestée par les cardiologues et l’Académie de médecine.

“Des allégations trompeuses concernant la sécurité et l’efficacité des traitements par statines ont un coût important pour la santé publique” soulignent les auteurs de l’étude, une position également défendue dans un commentaire par le rédacteur en chef du Lancet, Richard Horton. Plusieurs experts indépendants ont salué l’étude.

Texte : AFP / esanum
Photo : AFP