Soins du diabète : Où en est l'Allemagne ?

Bien que le système de santé allemand soit considéré comme solide, il existe néanmoins des différences régionales massives en matière de soins. Il en va de même pour le traitement du diabète.

Entretien avec Marie Auzanneau

Tous assurés de la même façon, tous traités de la même façon ?

En raison du système de santé en Allemagne, il n'y a presque personne sans assurance. Environ 90% de la population sont membres de l'assurance maladie publique, tandis qu'à peine 10% sont assurés de manière privée. Cela ne concerne pas seulement les adultes, c’est également le cas pour les enfants et adolescents. Mais quel rôle, le type d'assurance maladie, joue-t-il dans la prise en charge des patients, notamment pour le traitement des maladies chroniques ? En Allemagne, les données sur le système d'assurance sont très peu transparentes, ce qui rend l'analyse difficile. Il a toutefois été possible de constater que l'équipement en technologie du diabète ne dépend généralement pas du type d'assurance mais plutôt de facteurs individuels, de barrières linguistiques et culturelles ou de différences régionales.

Si l'on considère les études menées dans d'autres pays, le type d'assurance peut, d’après Marie Auzanneau, être déterminant pour l'accès à la technologie du diabète notamment aux États-Unis. 

Plus on est privilégié, mieux on est soigné ?

Marie Auzanneau a étudié, dans le cadre de divers travaux de recherche, l'impact du statut socio-économique sur la prise en charge du diabète. En Allemagne, c’est surtout en Bavière et dans le Bade-Wurtemberg que l'on trouve les milieux les moins défavorisés. Les degrés de privation ont été analysés en fonction du taux d'HbA1c dans le sang de patients pédiatriques. Le résultat est impressionnant : le taux d'HbA1c augmente avec le degré de privation - et ce de manière presque linéaire, passant de 7,4% à 7,7% dans les cercles les plus défavorisés. Selon Auzanneau, ces résultats peuvent également être appliqués aux adultes. Mais pourquoi en est-il ainsi ?

D'une part, l'accès à la technologie du diabète est significativement inégal, en fonction des différences régionales. Alors que seuls 46% des enfants de Saxe-Anhalt possèdent une pompe à insuline, ils sont 73% en Sarre. Les CGM ne sont utilisés que par 53% des enfants à Berlin, alors que dans le Schleswig-Holstein, 94% des enfants atteints de diabète T1 utilisent un CGM. On constate donc de grandes différences régionales dans l'utilisation de la technologie du diabète chez les enfants. Cela est-il lié à la privation socio-économique ? Probablement pas. En effet, l'utilisation de la pompe augmente, par exemple, avec le niveau de privation, tout comme les CGM et les systèmes AID. La baisse des taux d'HbA1c ne peut donc pas être due à une diminution de l'utilisation des technologies.

Influence du contexte migratoire sur la prise en charge du diabète 

Une autre explication serait le nombre d'enfants issus de l'immigration, en effet, le taux d'HbA1c est plus élevé en présence d'un contexte migratoire. Chez les enfants non issus de l’immigration, cette valeur est de 7,4%, alors qu'elle est de 7,7% chez les enfants de la deuxième génération avec un passé migratoire. Cependant, les données montrent également que le pourcentage d’enfants issus de l’immigration chez les enfants diabétiques est plus élevé dans les régions les plus favorisées que dans les régions défavorisées. 

C'est pourquoi Marie Auzanneau et son équipe ont procédé à une stratification des résultats en fonction de l'origine migratoire. Il en ressort que le taux d'HbA1c augmente avec la privation socio-économique, tant chez les enfants issus de l'immigration que chez les autres. Les enfants issus de l'immigration ont toujours un taux d'HbA1c plus élevé, quel que soit le degré de privation. Cela indique que la privation socio-économique et la migration sont deux facteurs d'influence significatifs et indépendants sur la valeur sanguine. Cependant, il n'y a pas d'interaction significative entre ces deux facteurs. 

Soins du diabète : Comment minimiser les inégalités ? 

Les données analysées montrent que le taux d'HbA1c est plus élevé dans les régions socio-économiquement défavorisées, mais que le recours à la technologie du diabète et à l'éducation à la pompe y est également plus fréquent. De même, le degré de privation a une influence similaire chez les enfants issus ou non de l'immigration. Si la technologie du diabète n'est donc pas en cause, d'autres facteurs tels que la compréhension en matière de santé, le régime alimentaire, l'activité physique et les habitudes de sommeil peuvent également être en cause.

Le taux d'HbA1c est également plus élevé chez les enfants issus de l'immigration, tandis que l'utilisation de pompes et de systèmes AID est plus faible, cette répartition est similaire dans toutes les régions. Les raisons possibles sont les obstacles linguistiques et culturels rencontrés, par exemple, lors du remplissage des demandes ou de l'utilisation des services d'assistance. 

On peut maintenant se demander quelles sont les solutions pour minimiser les inégalités dans la prise en charge du diabète. Étant donné que les enfants issus de l'immigration présentent un taux d'Hba1c plus élevé, même stratifié, il existe un potentiel d'amélioration dans ce domaine : par exemple en proposant des soins en plusieurs langues et en supprimant les obstacles culturels au traitement du diabète.

Prise en charge du diabète dans d'autres pays

Des études menées aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni et en Nouvelle-Zélande montrent que dans ces pays, le type d'assurance maladie joue un rôle essentiel. Le type d'assurance est associé à de moins bons soins et est en partie conditionné par le statut socio-économique, la privation régionale et la migration. Tous ces facteurs ont une influence sur l'utilisation de la technologie du diabète et sur les résultats du traitement. 

Il convient de noter que dans de nombreux cas, l'utilisation de la technologie du diabète n'est qu'un médiateur, c'est-à-dire qu'une partie seulement de l'explication. En effet, la non-utilisation de la technologie du diabète aggrave certes les inégalités, mais n'explique pas tout..

Référence:
  1. Marie Auzanneau: "Alle gleich versichert - alle gleich behandelt?". Session: Benachteiligt mit Diabetes und durch Diabetes. DDG (Deutsche Diabetes Gesellschaft / Association Allemande du Diabète) 2023.