Rencontre avec le Pr. Peron, secrétaire général de la Société Nationale Française de Gastro-Entérologie (SNFGE)

Chef de service Gastro-entérologie et hépatologie à l'Hôpital Purpan de Toulouse et secrétaire général de la SNFGE, le Pr. Peron revient avec nous sur l'actualité de la gastro-entérologie en France.

La recherche avance à grand pas du côté de la gastro-entérologie française, et fait évoluer la profession.
Nous avons interviewé le Pr. Jean-Marie Peron, chef de service Gastro-entérologie et hépatologie à l'Hôpital Purpan de Toulouse et secrétaire général de la SNFGE pour en savoir plus.


Pouvez-vous nous rappeler la mission de la Société Nationale Française de Gastro-Entérologie ?

L'une des principales missions de la SNFGE est d'améliorer les connaissances, la prise en charge et la prévention des maladies de l'appareil digestif, y compris dans les domaines de la nutrition, de l'addictologie et de la cancérologie.

La SNFGE organise également le congrès de la spécialité et met en oeuvre des actions de formation médicale continue en hépatologie-gastroentérologie et oncologie digestive pour les professionnels de santé.

Elle participe, en outre, à toute action dont l'objectif est d'améliorer et d'optimiser la prise en charge des malades. L'une de ses autres missions est d'établir ou de participer à l'établissement de recommandations de prise en charge des malades. Par ailleurs, la SNFGE favorise et développe la recherche médicale et scientifique en hépatologie-gastroentérologie et oncologie digestive, facilite les échanges entre les médecins français et étrangers. Enfin son rôle est de défendre et promouvoir l'hépatite-gastroentérologie et oncologie digestive et sa lisibilité auprès des institutions, des tutelles, du corps de santé et du public.

 

Quels sont les grands projets de la SNFGE en 2018 ?

Nous organiserons en mars le congrès annuel de l'hépatogastroentérologie et de l'oncologie digestive "les Journées Francophones d'Hépato-gastroentérologie et d'Oncologie Digestive (JFHOD)" qui rassemble près de 5 000 participant (2ème congrès européen de la spécialité). Nous organiserons également en novembre un Cours intensif couplé au congrès Vidéo-Digest organisé par le SFED.

Il y aura également un symposium dédié spécifiquement aux internes de première année (phase socle)

Nous organisons également une grande campagne de prévention de l’alcoolisme en France, en association avec d’autres sociétés savantes. Toujours côté prévention, la Société Nationale Française de Gastro-Entérologie participe à la grande campagne de dépistage du cancer du côlon, en particulier via l’opération Mars Bleu, qui permet de communiquer sur cette maladie.

Quelles sont les relations des gastro-entérologues français avec les autres spécialités ?
Avez-vous des projets en commun avec d'autres corps médicaux ?

Il existe de fortes synergies entre les autres sociétés savantes de gastro-entérologie en Europe, par l’intermédiaire de l’UEG (United European Gastroenterology). La Société Nationale Française de Gastro-Entérologie travaille également avec l’Association Française pour l’étude du foie dans la campagne de prévention de l’alcoolisme sur le territoire. Enfin, le thème du prochain congrès national étant l’obésité, nous allons travailler avec la Société Française de Gastro-Entérologie Pédiatrique et des sociétés de nutrition pour préparer cet évènement.

Et côté recherche, avez-vous une actualité récente ?

En effet, en ce moment, nous avons plusieurs travaux sur le microbiote intestinal, qui tendent à le définir comme un nouvel organe du corps humain, car il est impliqué dans de multiples pathologies.

Ecoutez…

"La modification du microbiote ouvre un champ extraordinaire sur le plan thérapeutique".

Il s’agit, pour faire simple d’un ensemble important de bactéries contenues dans le système digestif.
Ce microbiote est généralement stable, mais selon la qualité de ce dernier, le patient peut développer des maladies. On retrouve l’implication du microbiote dans l’obésité, le diabète ou encore dans le cancer du côlon ou certains cancers du foie par exemple. Étudier le microbiote c’est donc un champ extraordinaire qui s’ouvre au niveau thérapeutique puisqu’on peut en modifiant ce microbiote, éviter ou soigner certaines maladies.

Ensuite, on assiste à une mini-révolution sur l’endoscopie interventionnelle, qui est, dans certains cas, une vraie alternative à la chirurgie, car elle utilise des tubes souples introduits par les orifices naturels et reliés à un écran vidéo.
Elle permet de traiter des tumeurs superficielles du côlon, de l’œsophage ou même de l’estomac.
Dans les cinq dernières années, le procédé a énormément évolué et il est de plus en plus utilisé par la profession.

Quelle est la particularité de l'oncologie dans votre profession ?

Le hépato-gastroentérologues ont la particularité d'être impliqués dans la prise en charge des cancers digestifs à toutes les étapes de la maladie et du parcours de soin du patient (prévention et traitement des lésions précancéreuses, dépistage, diagnostic, traitement endoscopique et chimiothérapie des cancers digestifs). C'est assez unique dans le paysage médical et cela doit le rester.

Enfin, vous n'êtes pas sans savoir que le système de santé est en pleine mutation.
Quel est le point de vue et les revendications de la SNFGE sur le sujet ?

Premièrement, il y a actuellement une révision de la formation des gastro-entérologues. Actuellement, les études durent 4 ans, mais du fait de l’augmentation des techniques endoscopiques, il est nécessaire d’allonger la formation d’un an supplémentaire. En effet, l’apprentissage de ces techniques prend du temps.

Ecoutez…

"Ce que nous demandons au gouvernement, c'est d'allonger la durée d'études d'un an".

Concernant la désertification médicale, nous ne pouvons que constater que le nombre de médecins en France est insuffisant, d’une manière générale. La Société Nationale Française de Gastro-Entérologie s’intéresse aux nouvelles méthodes pour pallier à ce manque de praticiens, notamment la télémédecine.
Il en effet possible que l’on utilise cette technique, notamment pour le suivi au long cours — même si cette solution n’est pas la solution à la crise du système de santé.

Ecoutez…

"La télémédecine peut être utile pour le suivi au long cours, mais elle n'est pas la solution au déficit des médecins en France".