Drame du SAMU : "Le diagnostic est une activité difficile, surtout à distance"

Le drame d'une patiente moquée par les opératrices du SAMU de Starsbourg fait réagir Bernard Maroy, l'auteur du Guide du Médecin sur esanum.

Les tristes évènements de Strasbourg mettent en évidence plusieurs dysfonctionnements.

Tout d’abord, il est impensable que le choix de faire intervenir ou non le SAMU dépende d’une secrétaire.

Le diagnostic est une activité difficile, surtout à distance, même pour un excellent médecin. Il est donc indispensable que la communication soit systématiquement transmise à un médecin régulateur.

Dans le cas particulier de cette patiente, une douleur abdominale avec pertes de sang et malaise chez une femme jeune doit faire poser le diagnostic présomptif de rupture de grossesse extra-utérine jusqu’à preuve du contraire et intervenir de toute urgence.

La puissance conférée à la secrétaire lui est probablement montée à la tête dans le cadre d’un « syndrome du caporal », surtout si ses supérieurs ne la contrôlaient pas soigneusement.

En effet, on a du mal à croire que l’attitude inadmissible des deux secrétaires ait été un fait isolé.

De plus, il semble, d’après la famille, que la structure hospitalière n’ait guère été plus aimable après la mort de la victime et que seules les réactions sur les réseaux sociaux l’aient amenée à un peu de compassion.

Il est difficile de comprendre pourquoi l’autopsie a été aussi tardive et le corps laissé à température ambiante. Toutefois, ce dernier point ne peut expliquer une « décomposition avancée » en si peu de temps. Je n’ai aucune hypothèse pour l’expliquer.

Enfin, la difficulté à obtenir du secours fait regretter le temps où les médecins étaient dévoués corps et âme à leurs patients et quittaient leur consultation pour aller voir immédiatement une urgence à domicile. La mutualisation des responsabilités et la disparition de la « relation singulière » peuvent être mises en parallèle avec l’effondrement de l’humanité.

Cependant, les Strasbourgeois ont la chance d’avoir SOS Médecins, ce qui n’est pas le cas de la majorité des Français.

Sans cette structure la patiente serait sans doute morte seule à son domicile.