Quelles sont les influences du rythme circadien ?

L'horloge biologique rythme la vie organique. Mais jusqu'à quel point le rythme circadien influence-t-il les individus ? Peut-il être intentionnellement modifié pour des raisons professionnelles comme pour le travail de nuit ?

Les sécrétions de mélatonine influencées par la lumière perçue viennent inhiber ou non les noyaux suprachiasmatiques. De cette inhibition ou stimulation dépend un grand nombre de mécanismes métaboliques.

L’essentiel des sécrétions hormonales suivent les variations du rythme circadien. De cette manière la plupart de nos activités sont elles aussi sous le contrôle de cette horloge biologique. Nos performances cognitives, notre vigilance, notre humeur, notre motivation, nos prises de décisions, nos capacités physiques oscillent selon le rythme circadien. Il se reflète une baisse globale d'efficacité durant la nuit. Cette baisse de vigilance pose alors la question du danger du travail de nuit pour l’employer, mais aussi pour la société.

Le danger des rythmes circadiens décalés

Tout d’abord un danger direct du travail de nuit découle des erreurs potentielles dues au manque de vigilance du travailleur. De grandes catastrophes de l’industrie nucléaire ont eu lieu la nuit comme l’explosion de les centrales nucléaires de Three Mile Island aux Etats-Unies ou celle de Tchernobyl en Ukraine.

Mais le travail de nuit représente un ensemble important d’altération pour le travailleur lui-même. Des troubles du sommeil, des troubles gastriques, une santé mentale fragilisée, une prédisposition au développement des maladies vasculaires, de certains cancers, des problèmes de fertilité ont été décrits chez les travailleurs nocturnes. Ces troubles sont la conséquence de l’irrégularité de la sécrétion de mélatonine.

L’horloge biologique ne s’adapte pas au cycle non naturel d’éveil et de sommeil

On pourrait s’imaginer que chez des personnes travaillant depuis plusieurs années de nuit, le rythme circadien s’adapterait à ce mode de vie. En effet, ces individus connaissent aussi une alternance lumière obscurité quotidienne, on aurait alors une sécrétion de mélatonine diurne et régulière.

Cependant une étude mesurant le pic de mélatonine d'infirmières travaillant depuis au moins deux ans de nuit, montre que l’horloge biologique ne s’adapte pas au cycle non naturel d’éveil et de sommeil de ces personnes. Ceci s’explique par la rupture du cycle obscurité-lumière que connaissent ces individus. Effectivement lors des jours de repos la personne travaillant de nuit retrouve un rythme de vie normal et brise le rythme lumière-obscurité des jours de travail. De cette manière une synchronisation du pic de mélatonine sur le rythme de vie est impossible, sa sécrétion est variable sans qu’un véritable pic ne soit discernable.

Certaines recommandations tentent d'augmenter l’efficacité pendant le poste et d’optimiser les heures de sommeil dans la journée. Une lumière bleu azur intense en début de poste augmente la vigilance en retardant le pic de mélatonine. De la même manière le port de lunette de soleil après la nuit de travail atténue la forte exposition lumineuse matinale et facilite l’endormissement. 

Références: rapports et conférences du département de chronobiologie de l’inserm