Quand l'auto-médication animale inspire la recherche médicale

La science médicale n'est pas exclusivement humaine et s'inspire parfois du règne animal. La découverte de certains comportements d'auto-médication chez les chimpanzés ouvre un nouveau champs de recherche : la Zoopharmacognosie.

La science médicale fut longtemps considérée comme exclusivement humaine. Il est d’ailleurs fréquent de définir la frontière floue qui veut différencier l’humanité de l’animalité sur la base de l’intelligence. L’Homme se voit alors dominer les autres espèces terrestres de part ses capacités cognitives écrasantes.

Pourtant l'acquisition de nos connaissances n’est pas totalement étrangère à l’animal. Au contraire, nous puisons bien souvent notre savoir des espèces qui nous entoure et notamment du règne animal. De cette manière les animaux enseignent continuellement les secrets de la vie à l’Homme. La médecine, une des pratiques humaines les plus sophistiquées, n’échappe pas à cette règle.

La pratique des soins par l’animal est prouvée scientifiquement

 Au premier abord il peut paraître difficile de s’imaginer un rhinocéros traiter une infection urinaire ou un lémurien prévenir une infection parasitaire, cependant la pratique des soins par l’animal est prouvée scientifiquement. On doit cette découverte à Michael A. Huffman de l’université de Kyoto. C’est en Tanzanie, dans le parc national de Mahale, qui rassemble la plus grande réserve naturelle de chimpanzé, que le primatologue a entrepris ses travaux. Suite à l’observation de chimpanzés il parvint à mettre en évidence l’existence d’un comportement d'auto-médication animal. Effectivement les chimpanzés atteints de troubles gastro-intestinaux parasitaires se mettaient à sucer le coeur des tiges de la plantes Vernonia. Or cette plante renferme des substances actives toxiques pour le parasite intestinal retrouvé dans les selles des animaux malades. Cette découverte ouvre un nouveau champs de recherche : la Zoopharmacognosie.

La Zoopharmacognosie, une science qui ouvre d'autres horizons de recherches

Cette jeune science offre de nombreux espoirs thérapeutiques pour l’Homme. Reprenons l’exemple de la vernonia. La vernodaline, molécules présentes dans la vernonia, a un intérêt sur les cellules parasitaires. Cependant il existe une parenté étroite entre le comportement des cellules parasitaires et tumorales. Suite à des recherches de l’oncopôle de Toulouse, l’activité antitumorale de la vernodaline sur des cultures cellulaires de tumeurs mammaires a été démontrée. Ces travaux se poursuivent avec l’espoir de déboucher sur un nouveau médicament anti cancéreux.

Bien que la Zoopharmacognosie soit récemment reconnue comme une science, l’approche et la méthode qui la constitue remontent à la nuit des temps. L'acquisition des connaissances médicales de l’Homme proviennent en grande partie de l’observation des animaux, beaucoup de médecines traditionnelles en témoignent. Mais la meilleure preuve reste l’origine du bâton d’Asclépios, symbole universel des médecins. Alors qu’Asclépios marchait, un serpent se dirigea vers lui, il tendit alors un bâton dans sa direction. L’animal s’y enroula. Asclépios frappa le bâton au sol et laissa le reptile pour mort. Soudain un autre serpent approcha tenant dans sa gueule une plante avec laquelle il rappela à la vie l’autre serpent. Par cette observation Asclépios eut la révélation du savoir médical.

Références :
Animaux médecin; un documentaire de Jacques Mitsch 2012
CNRS le journal, ces animaux qui se soignent tout seul, Aurélie Sobocinski, 12-04-2014