Étude de la plaie après césarienne chez les femmes obèses

Aux États-Unis, les naissances par césarienne sont en recrudescence, atteignant un taux record de 32,2%. Parallèlement, l’obésité croît constamment outre-Atlantique. Ainsi presque un tiers des femmes en âge de procréer sont obèses. Or l’obésité constitue un facteur de risque important de complications obstétriques. Les complications de pla

Aux États-Unis, les naissances par césarienne sont en recrudescence, atteignant un taux record de 32,2%. Parallèlement, l’obésité croît constamment outre-Atlantique. Ainsi presque un tiers des femmes en âge de procréer sont obèses. Or l’obésité constitue un facteur de risque important de complications obstétriques.

Les complications de plaie après césarienne ont un impact physique et émotionel sur les patients et un impact financier sur le système de santé. Infections de sites opératoires et complications de la plaie sont de précieux indicateurs de qualité pour les hôpitaux et organismes payeurs de la santé. Ainsi, des données d’études relatives aux pratiques de césarienne sont disponibles mais les femmes obèses y sont sous-représentées. Une étude du Journal of Perinatalogy (DOI: 10.1038/jp.2016.89) compare deux méthodes de sutures (suture sous-cuticulaire ou pose d’agrafes) en terme de risques de complication de la plaie chez des femmes obèses suite à une césarienne.

Il s’agit d’une étude rétrospective de cohorte conduite sur des femmes enceintes adultes présentant un IMC de grossesse supérieur à 30kg/m². Les accouchements ont eu lieu par césarienne entre 2006 et 2011, toutes dans le même établissement hospitalier. Un traitement antibiotique prophylactique ajusté à l’IMC et une préparation du site d’incision standardisés ont été appliqués aux 1147 patientes inclues dans l’étude. Les situations d’intérêt étaient une rupture (séparation sans infection) ou infection de la plaie dans les 6 semaines postpartum.

Les groupes “agrafes” et “sous-cuticulaire” se différencient en terme d’âge, d’IMC, de multiparité, d’antécédents de césarienne et de maladies chroniques (hypertension et diabète) préexistantes, plus élevés pour les patientes du groupe “agrafes” (p<0.001). Une partie des participantes (17.6%) a eu une césarienne avec incision horizontale, suivie dans 91.6% des cas par une suture par agrafes. Des complications de plaie ont été relevées dans 15,5% des cas, avec une plus forte proportion dans le groupe “agrafes” (22.0 vs. 9.7%), représentant un facteur de risque 2.27 fois plus élevé.

L’occurrence de rupture et d’infection de plaie est 2.20 et 2.46 fois plus élevée dans le groupe des sutures par agrafes, respectivement. Le facteur de risque de rupture de plaie est plus important à la décharge de l’hôpital (risque “immédiat”, RR=6.74) que pendant la période postpartum de 6 semaines (risque “retardé”, RR=1.81). Une régression multivariée prenant en compte les divers facteurs confondants (âge, IMC, multiparité, hypertension, diabète, type d’incision, indications de la césarienne, suture sous-cutanée, pose de drain) révèle que la suture par agrafes reste un prédicteur significatif de complications de la plaie, avec un facteur de risque de 1.78. Quoique non statistiquement significative, il semble y avoir une tendance entre augmentation des complications de la plaie et augmentation de l’IMC.

En conclusion, peu importe la méthode de suture, des complications de la plaie interviennent dans 15.5% des cas de césarienne chez des femmes obèses. Ce risque est particulièrement élevé (+78%) concernant les sutures par agrafes en comparaison avec les sutures sous-cuticulaires. Ces résultats sont ceux d’un seul centre et ne peuvent être généralisés. Ils sont néanmoins cohérent vis-à-vis d’autres études concernant des populations partiellement obèses. Les femmes obèses apparaissent donc comme une population particulièrement à risque de développer des complications de plaie, et des stratégies pour limiter et éliminer ce risque doivent être explorées.

Texte : esanum / jd
Photo : Dmitry Naumov / Shutterstock


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