L’oncogénétique en pratique

Après avoir vu les mécanismes des mutations géniques pouvant donner des tumeurs, intéressons-nous aux deux types de situations oncogénétiques existantes : 1) Les prédispositions syndromiques Elles correspondent à une maladie génétique préalablement connue et qui a pour complication un risque plus élevé de cancer. Par exemple, la trisomie 21 est

Après avoir vu les mécanismes des mutations géniques pouvant donner des tumeurs, intéressons-nous aux deux types de situations oncogénétiques existantes :

1) Les prédispositions syndromiques

Elles correspondent à une maladie génétique préalablement connue et qui a pour complication un risque plus élevé de cancer. Par exemple, la trisomie 21 est rapidement diagnostiquée après la naissance ou parfois même avant, au cours des contrôles échographiques durant la grossesse. Or on sait qu’elle augmente de 50 à 500 fois le risque de développer des leucémies aiguës par rapport aux enfants non atteints. Le mécanisme est encore mal connu mais on soupçonne la surexpression de certains gènes présents sur le chromosome surnuméraire d’en être responsable.

2) Les prédispositions non syndromiques

Elles sont plus fréquentes et sont révélées par des cancers « communs » à haute fréquence dans la population générale. Un diagnostic de la tumeur à un âge précoce, des tumeurs bilatérales ou multifocales, des cancers multiples au cours de la vie, des apparentés au 1er degré atteints de cancer et certaines caractéristiques histologiques tumorales feront évoquer cette situation et seront des indications pour une consultation d’oncogénétique.

On peut prendre l’exemple des cancers du sein (plus de 42 000 cas par an) et de l’ovaire ( plus de 3000 cas par an) pour lesquels il y aurait 5 à 10% de prédispositions génétiques. Le syndrome sein-ovaire concerne des mutations sur les gènes BRCA 1 et 2 (Breast Cancer) qui ont un rôle dans le contrôle de la stabilité du génome. La transmission de la prédisposition est autosomique dominante mais l’expressivité est variable. Le risque de développer un cancer du sein avant 70 ans est de 10% dans la population générale contre 40 à 85% en présence de la mutation, pour l’ovaire le risque passe de 1% à 10 à 63%.

Quel est l’intérêt de l’oncogénétique et où en sommes-nous en France ?

En France il existe un dispositif national d’oncogénétique comprenant 25 laboratoires aptes à réaliser les examens génétiques prescrits en consultation dans les cancers qui semblent liés à une prédisposition. Les signes évocateurs peuvent être cliniques chez un patient, mais une famille entière peut être amenée à consulter du fait de la forte incidence des cancers en son sein. Un des membres de la famille : le cas index est celui qui a la plus forte probabilité de porter l’altération génétique constitutionnelle : c’est sur lui que porteront les premiers examens. Un arbre généalogique sera alors aussi établi.

Lorsque l’on met en évidence chez un patient des prédispositions génétiques au cancer il est possible de mettre en place une stratégie préventive précocement. Pour les femmes porteuses d’une mutation du gène BRCA cela peut se traduire par une mastectomie ou une ovariectomie prophylactique ou par la prise d’agent chimioprotecteurs. De plus une fois la mutation déterminée, la prévention pourra non seulement concerner le patient mais aussi tous ces apparentés : frères, sœurs, enfants etc… chez qui il devient plus simple de rechercher l’anomalie car les examens seront ciblés. Enfin, mieux connaître le génome des tumeurs ouvre de nouvelles modalités thérapeutiques comme l’extinction épigénétique de certains oncogènes par exemple.

A ce jour plus de 70 gènes de prédisposition génétique aux cancers sont identifiés. Mais lorsque rien n’est mis en évidence cela peut aussi signifier que la mutation n’est pas encore détectable par les outils actuels ou qu’elle n’est pas encore répertoriée comme étant prédisposante.

En 2013, il y a eu environ 48 500 consultations d’oncogénétique sur l’ensemble du territoire français soit une augmentation de 281,5% depuis 10 ans !! Ce dispositif national a permis d’identifier 5 393 personnes porteuses d’une mutation les prédisposant génétiquement à un cancer. Il faut donc continuer à rendre ces consultations accessibles et à fournir aux professionnels de santé la formation nécessaire pour qu’ils y recourent en cas de suspicion.

Semaine nationale de lutte contre le cancer.

La Semaine nationale de lutte contre le cancer est un événement annuel organisé par La Ligue afin de “partager, sensibiliser, impliquer, concerner tous les publics à la nécessité de lutter contre le cancer.” Cette année la semaine se déroule du 16 au 22 mars. À cette occasion, nous publierons chaque jour, un article en rapport avec le cancer.
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