Ohio : un projet de loi extrême et absurde contre l'avortement

Un projet de loi présenté dans l'État de l'Ohio prévoit que les médecins devront réimplanter l'ovule fécondé d'une grossesse extra-utérine dans l’utérus, sous peine d’être poursuivis en justice. Une technique médicale qui n'existe pas.

Cette loi s'inscrit dans une vague de restrictions de plus en plus sévères en matière d'avortement, qui touche une grande partie du pays. En 1973, la Cour suprême des États-Unis a statué que l'avortement était légal. Depuis, les militants et responsables politiques opposés à l’avortement ne cessent d’attaquer cette décision. La nomination par le président Trump de deux nouveaux juges à la Cour suprême, tous deux connus pour leurs positions anti-avortement, les encouragent à aller de plus en plus loin. Jusqu’à l’absurde.

Une grossesse extra-utérine (GEU)  ne peut être menée à terme. Sans une intervention en urgence, l’évolution de l’ovule fécondé peut entraîner l’éclatement de la trompe de Fallope et causer une hémorragie potentiellement mortelle pour la femme.

« Pure science-fiction »

Le Dr David Hackney, gynécologue, a réagi sur Twitter à ce texte de loi : « Je n'arrive pas à croire ce que je suis en train d’écrire. C'est impossible. On va tous aller en prison. » Le Dr. Daniel Grossman, spécialiste des domaine de la contraception et l’avortement, avait lui rédigé une succession de tweets devenue virale en mai dernier dès la publication du projet de loi. Il qualifiait ce projet de loi de « pure science-fiction », rappelant au passage que les GEU représentent 1 à 3 % des grossesses, qu’elles sont responsables de 4 % de la mortalité maternelle. D’après lui, au moins 2 000 femmes présentent une GEU chaque année dans l’État de l’Ohio.

« Il n'existe aucune procédure pour réimplanter une grossesse extra-utérine (…) Ce n'est pas physiologiquement possible » a quant à lui déclaré le Dr Chris Zahn, vice-président au sein de l’American College of Obstetricians and Gynaecologists.

Des « battements de cœur » à la peine de mort

Le projet de loi 413 de la Chambre des représentants interdit l'avortement et définit un ovule fécondé comme un « enfant à naître ». Les médecins qui refuseraient de réimplanter une GEU dans l’utérus seraient accusés de « meurtre par avortement » et encourraient des peines sévères, allant jusqu’à la réclusion à perpétuité. Idem pour les femmes âgées de 13 ans et plus qui se feraient avorter. Quant au « meurtre par avortement aggravé », il serait passible de la peine de mort.

L'été dernier, l'État de l’Ohio avait déjà approuvé une interdiction de l'avortement au-delà de six semaines de gestation. Cette loi dite « des battements de cœur » (heartbeat bill) comme l'appelaient les partisans n'autorisait en pratique l'avortement que pendant une période où la plupart des femmes ne savent pas encore qu'elles sont enceintes. Des recours déposés par les associations pro-avortement ont empêché que cette loi entre en vigueur. Concernant ce nouveau projet de loi, aucune des associations anti-avortement n’a souhaité s’exprimer.

Pour mémoire, l'avortement est légal dans les 50 États américains. Pour autant, l’accès des femmes aux services d'avortement est très fragile, constamment attaqué par des groupes anti-avortement qui s’ingénient à multiplier les obstacles pratiques et juridiques.




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