E. Macron a proposé d'investir cinq milliards d'euros dans la santé sur le quinquennat, soit un milliard par an. Il souhaite développer le numérique, notamment avec « Health Care », le groupe Orange conseillé par le mari de Touraine. Cependant les récentes attaques informatiques et les bugs du tiers-payant mettent en doute son réalisme.
À l’AP-HP, 80 millions de créances ont été perdues par bug informatique. En ce qui concerne le Dossier Médical Personnel (DMP), les pertes s’élèvent à plus d’un milliard d’euros. Au CHU de Lille, c’est la panique, les médecins n'ont plus accès à leur courrier électronique…
Les directions informatiques et leurs conseillers se sont révélés incompétents pour régler le problème.
L’augmentation de la contribution sociale généralisée (CSG) de 1,7% n’est pas prévue pour ce financement, mais pour baisser les charges salariales et financer les retraites ! Ce sera 1,5 Mds de prélèvement supplémentaires.
Un service sanitaire : Macron veut l’imposer à 40 000 étudiants en santé pour une durée de 3 mois. Mais il semble avoir oublié que les étudiants ont trop de pression. Certains se suicident : nuits blanches, harcèlement administratif et pressions de toutes sortes.
Les maisons médicales : il veut les doubler en 5 ans. 1200 maisons médicales ont déjà été construites. Elles peuvent être subventionnées (de 52000 à 73500€/an si elles respectent les objectifs fixés par les caisses. Elles coûtent chères !), mais beaucoup sont vides faute de médecins. De plus, travailler en groupe entraîne des frais administratifs supplémentaires.
Limiter le droit d’installation : « Quant à l'implantation des médecins sur le territoire, il faut une politique plus volontariste. » Ce serait contre-productif !
Il veut également développer les pratiques avancées des paramédicaux en les « doctorants ». Les infirmières cliniciennes me rappellent les officiers de santé.
Personnels : Macron veut maintenir les effectifs. Actuellement, quelques 1 000 établissements publics emploient 1,2 million de fonctionnaires et 77 000 praticiens et un poste médical sur quatre est vacant. 45% des dépenses de santé pour 25% des soins, le privé est en moyenne 40% moins cher.
Tarification : Macron souhaite plafonner à 50% la tarification à l'activité.
Gouvernance : Il n’y a plus de pilote dans l’avion ! La ministre avait annoncé la création officielle de 135 Groupements Hospitaliers Territoires (GHT) qui regroupent 850 hôpitaux publics. L’informatique est gérée par « Health care » filiale d’Orange. Macron propose aussi de favoriser la complémentarité et les partenariats entre l'hôpital et la ville, et de les élargir au privé. « C'est utopique » : nos monstres hospitaliers sont lourds et sur-administrés.
« Remboursement à 100% par la sécurité sociale pour les maladies chroniques, l’HTA sévère les lunettes, les prothèses auditives et dentaires à horizon 2022 ». La mesure, qu'il n'a pas chiffré, pourrait coûter chère à la sécu et aux mutuelles, et apporterait une explosion des tarifs !
Prévention : pollution, pesticides, drogues, tabac, alcool, suicides, surmortalité féminine cardiovasculaire. Cela représente 3 fois la mortalité routière.
De plus, il sera intéressant de voir la manière dont la nouvelle ministre de la santé abordera la question de la prévention du cancer. Elle est une spécialiste de cette problématique et a participé à la mise en place du 3éme plan cancer.
Dès 2003, avec la canicule, l'Etat s'alarmait de la pénurie de médecins. Pourtant, la situation stagne.
La pénurie : le nombre de médecins, en comptant en équivalent temps-plein, devrait baisser de 20% à l’horizon 2025. Le mode d’exercice évolue : de plus en plus de médecins préfèrent le salariat ou se contenter d’un travail à mi-temps ou de faire des remplacements.
Revalorisation de la consultation : le Président ne veut pas augmenter la tarification, mais développer le ROSP « paiement d’une prime annuelle sur Objectifs de Santé Publics ». Prime moyenne de 4 593 euros pour 90 700 praticiens : échec sur toute la ligne en Grande-Bretagne. Les compléments d'honoraires sont incontournables.
Tiers-payant : Macron veut le rendre généralisable et non plus généralisé, ce serait là aussi une erreur.
Réforme des études médicales : le rectorat tirera au sort dans certaines facultés surchargées pour limiter le nombre d’étudiants, ce qui éliminera de futurs très bons médecins ! Le Numerus Clausus trop sévère écarte nos enfants de la médecine - il veut l’augmenter. La théorie du ministère était que plus il y a de médecins, plus les dépenses et le déficit de l'assurance maladie augmentent, la façon la plus simple de réduire le déficit de l'assurance maladie était de diminuer le nombre de médecins. Pour ce faire, le Numerus Clausus a été baissé : en 1972 il avait été fixé à 8588 par an et en 1992 il a atteint son point le plus bas à 3500. En 1997, Le MICA (Mécanisme de Cessation d'Activité) a été mis en place, une Allocation de Départ en Retraite (ADR) était même proposée aux médecins qui acceptaient de partir en retraite anticipée. L’ECN reçoit tous les étudiants de l’UE qui se présentent même avec zéro. Des centaines ont eu des notes détestables et certains devront reprendre des stages : ce seront de mauvais médecins ! Le ministère de la Santé se réfugie derrière Bruxelles. « Tout étudiant qui a validé son deuxième cycle dans un état membre de l’UE peut accéder au 3e cycle dans un autre état membre de l’UE, » nous indique-t-on. Pour changer ce système il faudra réformer le 2ème cycle qui devra être plus formateur. Pour cela il faudra une politique de rupture et se heurter aux dispositions de l’UE !
Ce nouveau gouvernement en aura-t-il la volonté et la capacité ?
Ce sera l'objet de l'émission du 7 Juin-11h30/ 12h30 avec A. Bercoff et C. Calonzo sur Sud Radio