Médecine et traditions, ce qui a changé suite à Ebola

En Sierra Leone, l’épidémie Ebola a profondément modifié les mentalités de la population, notamment dans son rapport entre médecine et traditions. Alors que plus de 200 personnes sont mortes de la fièvre hémorragique en Sierra Leone,  Samuel Massaquoi, directeur de l’hôpital est d’avis que plus rien ne sera jamais comme avant l

En Sierra Leone, l’épidémie Ebola a profondément modifié les mentalités de la population, notamment dans son rapport entre médecine et traditions.

Alors que plus de 200 personnes sont mortes de la fièvre hémorragique en Sierra Leone,  Samuel Massaquoi, directeur de l’hôpital est d’avis que plus rien ne sera jamais comme avant le passage du virus, dont le dernier épisode de la région s’est achevé en mars.

Le centre de traitement d’Ebola (CTE), qui se trouve à quelques mètre est désormais vide. Le médecin souligne qu’avant l’épidémie “l’hôpital ne ressemblait pas à ça” ajoutant qu'”il a énormément évolué”. En effet, le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) ou des formations par des spécialistes britanniques de médecine tropicale, ont financé l’achat de matériel.

Face à ce mal jusqu’alors inconnu en Afrique de l’Ouest, les populations ont, dans un premier temps, cru à une malédiction et préféré consulter des guérisseurs locaux plutôt que de rejoindre des établissements de santé publics souvent éloignés et aux moyens souvent rudimentaires. Le Dr Massaquoi explique que: “ce n’est que lorsque les puissants guérisseurs – qui se croyaient invincibles – ont commencé à mourir que les gens ont pris conscience que c’était réel”. La Croix-Rouge, consciente du problème, a tenté d’enrôler les guérisseurs dans la lutte contre Ebola et persuadé certains de reconnaître leur incapacité à guérir les malades puis de les envoyer vers les centres de traitement spécialisés.

D’autres traditions enracinées dans les milieux ruraux du pays ont elles aussi reculé. Ainsi, à Kailahun, les sociétés secrètes féminines, dont le rôle principal est d’initier les filles, ont dû renoncer à une partie de leurs pratiques, comme les mutilations génitales féminines. Dans le village où habite Baindu Alie, une jeune fille de 19 ans, la crainte d’Ebola a eu pour le moment raison de l’excision, elle confie ainsi :”Les familles ont peur, donc il y a moins de confiance dans ces sociétés”.

À l’inverse, l’hôpital qui a été longtemps considéré comme un mouroir et non comme un lieu de guérison, connaît depuis la fin de l’épidémie une hausse de fréquentation. Cette situation reste cependant contrastée, ainsi dans d’autres régions les accouchements ont toujours lieu à la maison.

Texte : APF / pg

Crédits photo : AFP