Maladie de Huntington, quoi de neuf quant à son traitement ?

La maladie de Huntington (MH), maladie de composantes physique cognitive et psychiatrique est une atteinte génétique (dominante) touchant entre 5 et 10 personnes sur 100 000, la plupart du temps elle se déclare entre 30 et 50 ans avec dès lors une espérance de vie de 20 ans. Elle appartient aux démences dégénératives, est surtout caractérisée pa

La maladie de Huntington (MH), maladie de composantes physique cognitive et psychiatrique est une atteinte génétique (dominante) touchant entre 5 et 10 personnes sur 100 000, la plupart du temps elle se déclare entre 30 et 50 ans avec dès lors une espérance de vie de 20 ans. Elle appartient aux démences dégénératives, est surtout caractérisée par sa chorée très handicapante. Son apparition est dûe à la trop forte expansion du triplet nucléotidique CAG sur le gène HTT du chromosome 4, conduisant à la production d’une protéine « huntingtine », dont toutes les propriétés ne sont encore mises à jour. On ne dispose actuellement d’aucun traitement curatif dans la maladie d’Huntington, alors qu’on essaie encore d’en percer tous les mécanismes. Les traitements consensuels reposent entre autre sur des benzodiazépines, la tétrabenazine, ou des neuroleptiques atypiques le plus souvent, ou/ et encore de la L-DOPA… tout cela est très variable en fonction des troubles présentés par le patient. On retiendra toujours l’association de soins symptomatologiques pharmacologiques, rééducatifs, et médico-sociaux.

Quelles avancées peut-on trouver aujourd’hui ?

Tout d’abord, un essai paru le 25 septembre dernier dans le British Journal of Clinical Pharmacology (doi: 10.1111/bcp.12792. [Epub ahead of print]) et mené en Allemagne par L. Rabinovitch-Guilatt et O. Spiegelstein a étudié les indications de la priodipine pour les patients souffrant de MH en rapport à la fonction rénale des patients atteints.

La priodipine (4-[3-(méthylsulfonyl)phényl]-1-propylpidperidine), aussi dénommée ACR16 fait partie d’une nouvelle classe thérapeutique, les dopidines, qui sont supposées avoir un effet dopaminergique stabilisateur. En cela on suppose que la priopidine agit en restaurant un équilibre au niveau cortico-striatal, qui a le contrôle sur les fonctions motrices perturbées dans la chorée de Huntington.
Administré à dose de 45mg jusqu’à 2 fois par jour, ce médicament a montré une amélioration du TMS -Total Motor Score- établi par l’UHDRS (Unified Huntington’s Disease Rating Scale). Son métabolisme passe entre autres par le CYP2D6, il se lie à 30% aux protéines et son élimination est essentiellement rénale, d’où l’importance de l’étude en question.
Dans cette étude donc ont été sélectionnés et classés des patients selon leur grade d’atteinte rénale, de « sains » à atteinte modérée (selon des valeurs de clairance de la créatinine extrapolée à l’eGFR par la formule MDRD : sujets sains quand ≥ 90mL/min, atteinte légère entre 60 et 90mL/min et modérée entre 30 et 59 mL/min). On leur a administré une dose quotidienne de 45mg de priopidine après 10h de jeûne à J1 puis de J5 à J18, et pour les analyses d’éliminations pharmacocinétiques, des échantillons d’urine ont été collectés au premier jour de l’essai et au dernier (J18).
Les résultats ont pu montrer une bonne sécurité et tolérance chez tous ces sujets, quel que soit leur niveau d’atteinte rénale, et que seul le groupe ayant une atteinte rénale modérée présentait des concentrations plasmatiques plus élevées de priopidine, et pas encore le groupe à atteinte rénale légère. Cela restant sans plus amples précisions sur le retentissement clinique et les complications éventuelles. Cependant, il reste à noter que la période de cet essai est relativement courte, vis-à-vis de sa prise quotidienne à envisager dans une prise ne charge thérapeutique dans la maladie de Huntington.

Ensuite, on peut également trouver d’autres études réalisées actuellement, qui s’attellent à comprendre les mécanismes de cette atteinte aux trois composantes. Wan-Chan Liu et son équipe de l’institut Rockefeller entre autres ont mis au point des pinsons porteurs de la « mutation huntingtonnienne », afin de pouvoir étudier le processus atteignant les cordes vocales de ces oiseaux chanteurs, sans doute similaire à celui des humains. A suivre !…

Texte : esanum / pg