L'étude des poulets pour mieux comprendre l’œil humain

L'étude de l'œil du poulet, qui se rapproche le plus de la composition de l'œil humain, pourrait favoriser l'élaboration de nouveaux traitements contre la dégénérescence maculaire, une maladie qui entraîne une perte progressive de la vision centrale.

Les humains font partie de ce groupe d’êtres vivants disposant d’une très bonne vision en couleur à la lumière du jour. Ce sont les cellules disposées sur la rétine, dans le fond de l’œil, qui permettent de transformer l’information lumineuse en influx nerveux.

La rétine est majoritairement formée de cellules que l’on appelle les bâtonnets, permettant de voir lorsque l’éclairage est faible. C’est cependant au niveau de la partie centrale de la rétine, la fovéa, que se trouvent les cellules sensibles aux couleurs et à la lumière vive. Ces cellules, que l'on nomme « cônes », représentent la majeure partie des cellules de la fovéa.

De nombreux animaux comme les singes, les oiseaux, et certains poissons et reptiles disposent aussi d’une vision en couleur. C’est ainsi que des chercheurs dont Connie Cepko, professeure de Génétique et Neuroscience à l’Harvard Medical School ont basés leurs recherches sur les poulets. En effet les poulets ont eux aussi une zone sans bâtonnets leur permettant la vision en couleur et se rapprochant le plus de la composition de l'œil humain.

Pr Cepko et son équipe ont découvert chez les poulets que la formation embryonnaire de cette zone de haute acuité sans bâtonnets était due à une chute en acide rétinoïque ayant lieu uniquement à cet endroit de la rétine, à un moment court et précis du développement. Cette baisse en acide rétinoïque, un dérivé de la vitamine A, est due à une inversion de l’équilibre des enzymes responsables de sa formation et de son élimination.

La professeure Cepko pense que ces recherches sur les poulets sont un bon début pouvant apporter de nombreuses informations sur l’œil humain. Jusqu'à maintenant les scientifiques disposent de mammifères, comme les rats, les lapins et les souris pour mener à terme des recherches, alors que l'œil du poulet et celui qui se rapproche le plus de celui de l'être humain.

Des chercheurs étudiant les cellules souches on déjà réussi à recréer des organoides mimant l’œil humain, mais pas encore à recréer une fovéa. Les découvertes du Pr Cepko et son équipe pourraient bien aider à résoudre ces problèmes et à en apprendre plus sur la formation de l'œil humain.

Les nombreuses découvertes qui ont eu lieu au cours de l'étude pourraient permettrent aux chercheurs en médecine régénérative de modeler des yeux humains, de comprendre pourquoi la rétine est si vulnérable à la maladie, et de découvrir de nouveaux traitements. 

Dans cette recherche l'espoir est qu'il sera un jour possible de combattre la dégénérescence maculaire, maladie qui se déclare lorsque la macula, partie centrale de de la rétine où se trouve la fovéa se détériore. La dégénérescence maculaire se déclare principalement après 50 ans chez de nombreux individus (DMLA), elle entraîne une perte d'acuité visuelle importante et ne peut être guérie.

Le Pr Cepko espère aussi que ces avancées permettront d’en apprendre plus sur le développement humain et sur les relations évolutives entre les espèces.