L’éthique des essais cliniques : réponse d'une philosophe au Pr Raoult

«Il est nécessaire que la société s’exprime sur les problèmes de l’éthique, et, en particulier, de l’éthique médicale.» Ainsi commençait la tribune du Pr Raoult publiée dans Le Monde le 25 mars. Il évoquait ensuite la place des philosophes. Réponse d'une spécialiste de la philosophie de la médecine.

Peut-on justifier un défaut méthodologique sur la base de l’éthique, qui plus est via un réseau social ? Tel est le point de départ de la réflexion de Juliette Ferry-Danini, docteure en philosophie, dont les travaux portent notamment sur l'éthique dans le domaine de la médecine et des sciences.   

Dans son article «Petite introduction à l’éthique des essais cliniques», l’auteure rappelle tout d’abord le contexte : la tribune publiée dans Le Monde par le Pr Raoult défendait la «morale» et «l’humanisme» du serment d’Hippocrate face à la «méthode» et aux «mathématiques».

«La recherche clinique serait-elle immorale ?»

Pour Mme Ferry-Danini, il s’agit clairement d’un «retour en arrière en matière de réflexion morale et éthique sur les essais cliniques». L’argument du Pr Raoult est simple : son étude (la seconde) ne pouvait comporter de groupe de contrôle car un médecin se doit de donner le meilleur traitement possible à ses patients. La philosophe se propose donc d‘éclairer la problématique posée par ce postulat : «La recherche clinique serait-elle immorale et la médecine impossible ? »

Au fil de l’article, Juliette Ferry-Danini rappelle l’importance du principe d’incertitude puis développe le concept d’«équipoise clinique […] prérequis éthique nécessaire aux essais cliniques contrôlés.» Elle se prononce également sur la supposée «dictature morale» telle qu’évoquée par le Pr Raoult. Enfin, la philosophe souligne que si l’éthique doit guider la recherche elle-même, elle devrait aussi tempérer la manière dont les chercheurs communiquent sur leurs travaux.

Un article clair, qui s'appuie sur la connaissance concrète des essais cliniques dont fait preuve l’auteure, et son aptitude à la vulgarisation.