Lésions cervicales de la moelle épinière : un essai thérapeutique prometteur se dessine

Les lésions aiguës de la moelle épinière (SCI: Spinal cord injury) engendrent une grande détérioration de la qualité de vie. C’est un problème d’envergure, notamment en Amérique du nord où un coût de soins annuel de plus de 7 milliards de dollars est rapporté. Les prémices d’un nouvel essai thérapeutique de traitement des SCI ont été récemment p

Les lésions aiguës de la moelle épinière (SCI: Spinal cord injury) engendrent une grande détérioration de la qualité de vie. C’est un problème d’envergure, notamment en Amérique du nord où un coût de soins annuel de plus de 7 milliards de dollars est rapporté. Les prémices d’un nouvel essai thérapeutique de traitement des SCI ont été récemment publiés dans le journal Spinal Cord (« Rationale, design and critical end points for the Riluzole in Acute Spinal Cord Injury (RISCIS) : a randomized, double-blinded, placebo-controlled parallel multi-center trial », doi : 10.1038/sc.2015.95).

La ligne de conduite actuelle pour ce type de lésion met en avant la nécessité de décomprimer la moelle épinière, afin d’en limiter l’ischémie et les effets adverses subséquents. En effet, outre le choc physique primaire à l’origine de cette pathologie, il survient une cascade de signaux biochimiques (lésion secondaire) impliquant les pompes à sodium membranaires, aboutissant à un influx massif de calcium qui conduit à la mort cellulaire. Dans le but de contrer cette cascade biochimique néfaste, une molécule bloquant les pompes à sodium, le Riluzole, est en essai thérapeutique. Déjà utilisée efficacement dans le cadre de la sclérose latérale amyotrophique (SLA), cette molécule s’est avérée efficace pour empêcher la libération de sodium lors d’études précliniques de cas de SCI.

La phase I de l’étude clinique, datant de 2011, avait montré une amélioration fonctionnelle pour une certaine catégorie de patients souffrant de SCI, sans effet négatif grave. L’étude de toxicité était en outre meilleure que dans le cas de la SLA. La phase IIB/III de l’étude clinique a débuté en janvier 2014. Des critères d’éligibilité et d’exclusion très strictes ont été mis en place. En particulier, le choc physique ne doit pas être de nature pénétrante et le patient ne doit pas avoir d’antécédent de SCI ni de problème hépatique ou rénal. L’essai randomisé sera réalisé dans 14 centres médicaux, en double-aveugle et contrôlé par l’administration d’un placebo. Il a pour principaux buts d’évaluer sous 180 jours les changements de score moteur, du grade de classification de la pathologie et la capacité à réaliser les tâches quotidiennes. De plus, une nouvelle étude pharmacologique nécessaire à une potentielle application clinique du Riluzole sera réalisée en parallèle.

Au moment de la rédaction de cet article, 11 patients étaient enrôlés dans cette étude. Les auteurs déclarent vouloir en recruter 351. Les essais thérapeutiques sont de longs processus indispensables au développement de nouveaux traitements. Nombreuses sont les molécules ne satisfaisant pas aux exigences des premières phases d’étude. Le cas du Riluzole est ainsi très encourageant et l’avenir nous dira si cet espoir est justifié.

Texte : esanum / jd

Photo : Cessna152 / Shutterstock