Les hommes consultent moins, sauf après une hospitalisation

Les hommes négligent plus volontiers leurs symptômes, et consultent moins leur médecin de famille que les femmes. Ces comportements s'équilibrent après une hospitalisation. Cette tendance a été démontrée pour la première fois par une étude portant sur 65.000 enregistrements de données provenant des registres de santé danois.

Les hommes négligent plus volontiers leurs symptômes, et consultent moins leur médecin de famille que les femmes. Ces comportements s'équilibrent après une hospitalisation. Cette tendance a été démontrée pour la première fois par une étude portant sur 65.000 enregistrements de données provenant des registres de santé danois.

Ce n'est qu'après une grave altération de leur état de santé, qui nécessite une hospitalisation, que les hommes consultent plus facilement leur médecin de famille. Au cours des trois années qui ont précédé l'hospitalisation des hommes danois pour un AVC, une crise cardiaque ou un cancer gastro-intestinal, seuls 75% d'entre eux avaient consulté un médecin de famille, versus 85% des danoises. Toutefois, après une crise cardiaque, 98% des patients masculins âgés de 60 à 69 ans sont régulièrement suivis par leur médecin de famille. Ce taux se rapproche de celui constaté chez les femmes (99%).  

Des chercheurs de l'Institut Max Planck pour la recherche démographique (Rostock, Allemagne) ont évalué les données des registres de santé danois. Ils ont examiné 65.000 dossiers de patients anonymisés, sur la période 1996-2011, et plus particulièrement le nombre de visites chez le médecin de famille au cours des 33 mois précédant et suivant un séjour à l'hôpital pour l'une des quatre maladies graves suivantes : AVC, crise cardiaque, cancer gastro-intestinal et BPCO. Les résultats ont été publiés dans le Journal of Epidemiology and Community Health.

 

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Crédits : Max Planck Institute for Demographic Research


«Pour la première fois, nous avons étudié de manière très détaillée et avec un ensemble de données pour toute une population comment les hommes et les femmes atteints d'une même maladie se comportent» déclare Andreas Höhn, auteur principal de l’étude. Ces chercheurs ont également recensé les personnes qui ne consultent pas de médecin de famille : ces personnes n’étaient généralement pas prises en compte dans des études similaires antérieures. «Nos résultats montrent qu'il n'est pas facile pour certaines femmes de se rendre chez le médecin de famille, même avec les symptômes d'une maladie grave. Mais la proportion est beaucoup plus élevée chez les hommes» précise Andreas Höhn.

La seule exception est la BPCO, car les patients souffrent de symptômes évidents avant même d'être traités à l'hôpital. 94 % des hommes qui ont été hospitalisés pour ce motif ont d’abord été suivis par leur médecin de famille (versus 97% des femmes).

Pour les chercheurs, la petite différence qui subsiste entre hommes et femmes quant au nombre de consultations chez leur médecin de famille après l'hospitalisation s’explique par les taux de survie. «Même si les hommes et les femmes affichent exactement le même comportement en matière de santé, davantage de femmes survivent à une maladie grave» explique Andreas Höhn. Des femmes qui auront ensuite tendance à davantage consulter, en raison des problèmes de santé permanents qui résultent de leur maladie.


Référence :
Höhn A, Gampe J, Lindahl-Jacobsen R, Christensen, K., Oksuzyan, A.: Do men avoid seeking medical advice? A register-based analysis of gender-specific changes in primary healthcare use after first hospitalisation at ages 60+ in Denmark.
Journal of Epidemiology and Community Health (2020). DOI: 10.1136/jech-2019-213435