CO 01.04.2016 : Les antibiotiques, c’est toujours pas automatique?

Orateurs: Alexandre Malmartel, Paris Brieg Couzigou, Fort-de-France* Chiara Maj, Paris * présentation non rapportée Comparaison des résistances bactériennes dans les infections urinaires des patients diabétiques et non diabétiques Alexandre Malmartel, Paris Le diabète est à l’origine de 14 consultations médicales par mois en France. Le risque d’

Orateurs:

Alexandre Malmartel, Paris
Brieg Couzigou, Fort-de-France*
Chiara Maj, Paris

* présentation non rapportée

Comparaison des résistances bactériennes dans les infections urinaires des patients diabétiques et non diabétiques
Alexandre Malmartel, Paris

Le diabète est à l’origine de 14 consultations médicales par mois en France. Le risque d’infection urinaire (IU) chez ces patients est 50% plus grand que pour la population non diabètique, le risque de récidive est deux fois plus élevé, et il y a 2,4 fois plus de risque de résistance bactérienne aux antibiotiques.
Les données de questionnaire et dossier de 1119 patients ayant réalisé un examen cytobactériologique des urines (ECBU) ont été analysées afin d’établir l’épidémiologie de ces IU et de comparer les résistances bactériennes entre patients diabétiques et non diabétiques ainsi qu’entre les patients diabétiques ayant un bon ou mauvais contrôle glycémique (traduit par un taux d’hémoglobine glyquée inférieur ou supérieur à 8%, respectivement). Une très large majorité des IU étaient dues à E. coli (73%), quel que soit le statut diabétique du patient. Quel que soit le pathogène incriminé, les résistances bactériennes concernaient majoritairement la co-trimoxazole (27%) et l’ofloxacine (16%). En particulier, la résistance globale à l’ofloxacine s’est révélée augmentée chez les patients diabétiques (OR= 2.09, p=0.04). Au sein de la population diabétique, il semble qu’un mauvais contrôle glycémique soit également associé à une augmentation de la résistance à l’ofloxacine.
En conclusion, les quinolones (ofloxacine) doivent être prescrites avec prudence chez le patient diabétique.

Description des utilisateurs d’Antibioclic
Chiara Maj, Paris

Antibioclic est une plateforme internet indépendante d’aide à la prescription d’antibiotiques, suivant les dernières recommandations française d’antibiothérapie (www.antibioclic.com). Les données de mars 2016 recensent jusqu’à 4500 connexions quotidiennes. Une étude par questionnaire anonyme lors de la connexion à la plateforme a été menée afin de caractériser cette population et d’établir si cette utilisation modifie leur pratique. Sur les 1344 utilisateurs répondant, 88.7% sont médecins dont 97.2% de généralistes, et 9.9% sont internes dont 93.2% en médecine générale. Les médecins exercent pour la plupart en cabinet de groupe de ville et ⅓ d’entre eux encadrent des étudiants. Les internes sont en général en stage ambulatoire en fin de cursus de médecine générale. Interrogés sur ce qui influence leur prescription d’antibiotiques, les deux catégories placent l’antibio-résistance au 1e plan. La durée de traitement a également une grande importance tandis que le coût ne semble pas être une priorité. Les médecins et internes pensent à plus de 90% que l’utilisation d’Antibioclic n’augmente pas la durée de la consultation. Ils l’utilisent préférentiellement lors de consultations en cabinet (97 et 94%, contre 30 et 54% pour les visites à domicile, respectivement), et particulièrement avant la prescription et en présence du patient (98 et 96% respectivement). La principale cause d’utilisation est lors d’un doute du professionnel, en particulier pour des pathologies de l’appareil urinaire et des voies aériennes. Il est intéressant de noter que 90% des prescriptions sont conformes aux recommandations de la plateforme en ligne, et ⅓ des répondants déclarent toujours suivre ces recommandations. Enfin, 97% déclarent avoir confiance en cet outil.
En conclusion, les utilisateurs sont conformes au public ciblé, apparaissent déjà sensibilisés au problème de la résistance bactérienne, et ont grande confiance en l’outil. Antibioclic mérite une diffusion plus large, notamment auprès des professionnels moins alertes de l’antibiorésistance.

Texte : jd / esanum
Photo : Tashatuvango / Shutterstock