«Le racisme est toujours une erreur»

Jeffrey M.Goodloe est le responsable des services des urgences d'Oklahoma City et de Tulsa. Il s'est adressé à l'ensemble des personnels, évoquant les valeurs qui doivent être portées par tous les soignants. Il s'inquiète aussi des conséquences pour les personnes si les rassemblements basculaient dans la violence.

Jeffrey M.Goodloe est Professeur de médecine d’urgence et membre du bureau de l’American College of Emergency Physicians. Il est le responsable des services des urgences d'Oklahoma City et de Tulsa, les deux plus grandes villes de l’État de l’Oklahoma.

Dans le contexte des fortes tensions sociales qui secouent les États-Unis, il a choisi de s’adresser à l’ensemble des professionnels des Urgences, soit plus de 4.000 personnes.
Son texte a été publié par le Journal of Emergency Medical Services.

Jeffrey M.Goodloe a accepté que nous le traduisions.
«I am happy to share with my brothers and sisters in medicine.» 
Nous l’en remercions chaleureusement, ainsi que Jean-Claude Deslandes qui nous a signalé ce texte.   


À tout le personnel des services des Urgences pour la région métropolitaine d'Oklahoma City et Tulsa

Il est important d'aborder les questions qui ont un impact sur la santé aiguë de nos patients. En particulier lorsque ces questions peuvent en même temps concerner votre sécurité. Parce que je me soucie de TOUTE personne dans nos communautés, je parle maintenant du mouvement de détresse raciale qui les traverse.

Je crois, hélas, que le racisme perdure à travers tous les États-Unis (et sur le reste de la planète Terre), y compris au sein de nos communautés.

Le racisme est une erreur. Le racisme est toujours une erreur, à tous les niveaux.
Quelle que soit la couleur de la peau ou la nationalité, nous avons le même sang.

Le racisme menace et fragilise l'accès des personnes aux soins, ainsi que la qualité de ces soins. Toute personne mérite des soins médicaux de grande qualité. Établir une relation entre la race ou la nationalité d'un patient et les spécificités de certaines maladies - hypertension, diabète, drépanocytose, etc. - n'est pas du racisme. C'est utiliser une partie de l'identité du patient pour évaluer au mieux la probabilité qu’il soit atteint par ces maladies. Il s‘agit d'établir un diagnostic approprié pour apporter les meilleurs soins.

Mais si l’on parle du respect que nous témoignons à tout patient et à ses proches, si l’on parle de notre volonté de lui donner les meilleurs soins dont nous sommes capables…

Cela ne devrait jamais dépendre de la race, ou du sexe, ou de l'orientation sexuelle, ou des croyances religieuses ou de toute autre caractéristique de ce type.
Je sais que vous et moi nous partageons cette conviction.
Je connais la valeur du travail - visible et invisible - que vous fournissez pour préserver la santé de toutes les personnes touchées par les événements en cours.

Pour être clair, je soutiens pleinement le droit des personnes à se réunir pour exprimer leurs préoccupations, leur méfiance et leur colère lors d’un mouvement social.
Je crois aussi qu'aucun d'entre nous n'a le «droit» d'infliger des blessures à des personnes pacifiques, ni des dommages aux biens appartenant à autrui ou à une communauté. Cela peut arriver, et en ce moment la situation est tendue, jour et nuit.

Comme nombre d'entre vous, je suis préoccupé par les nombreuses victimes qui pourraient résulter de ces rassemblements s'ils basculaient dans la violence.
Comme nombre d’entre vous, je crains une augmentation involontaire de la transmission du SRAS-CoV-2 au sein des foules.

Ce que j’attends de vous, c’est ce que j’attends de moi-même.
Nous devons tout mettre en oeuvre pour être en permanence les professionnels exemplaires des services d’urgences dont nos patients et nos communautés ont tant besoin.

Cela implique de s'engager pour bannir le racisme de toutes nos pratiques, et pour mettre un terme à toute situation raciste dont nous sommes témoins.  

Je vous remercie de continuer à répondre avec force à cette attente, car nous sommes au service de toute personne ayant recours à nos soins.

Jeffrey M.Goodloe