En cas de restriction ou de privation nutritionnelle prolongée, notre corps puise son énergie dans ses réserves. On distingue trois phases. Dans un premier temps l’organisme met en place un mécanisme de courte durée. Il se sert du glucose disponible dans notre sang et du sucre stocké sous forme de glycogène dans notre foie.
Passé 24 heures le corps mobilise le tissu adipeux, cependant certaines cellules sanguines et neurologiques ne pourront se contenter de cette solution et piochent dans le tissu musculaire. Les protéines seront métabolisées en glucose. C’est la néoglucogenèse. Après le 5ème jour de jeûne le corps cherche à épargner son stock de protéine. Le foie et les reins synthétisent alors des molécules de substitution, les corps cétoniques, que le cerveau utilisera à la place du glucose. C’est la cétogenèse.
Il est évident qu’après une semaine de jeûne on perd du poids de manière spectaculaire, on perd du gras, un peu de muscle et aussi beaucoup d’eau. Mais l’objectif premier n’est pas de perdre beaucoup de kilos en peu de temps avec le risque majeur de les reprendre voir même d’en gagner par la suite, mais bien de stabiliser son poids autour d’une valeur correcte. Il faut pour cela mettre en place une réalimentation, un changement au quotidien et au long terme des habitudes alimentaires.
Le jeûne peut se montrer très bénéfique comme très néfaste. Pour profiter des bienfaits du jeûne il faut savoir comment jeûner. La valeur temporelle du jeûne reste prédominante : faut-il jeûner en petite quantité continuellement ou bien suivre un régime privatif sur une durée limitée ? Comme déjà abordé précédemment, un jeûne total sur une durée limitée présente un véritable risque de reprise de poids par la suite. Le long terme est la solution la plus bénéfique.
De nombreuses études animales sur primates comparant un régime ad libitum (l’animal mange comme bon lui semble) à un régime de restriction alimentaire de 30 % au long cours montrent des effets positifs du régime restrictif sur la qualité de vie, la performance de l’organisme ainsi que sur la longévité. Il est donc préférable de suivre une petite baisse de l’apport nutritif au quotidien plutôt qu’une privation sur une courte durée. Au jour où l’excès alimentaire est la cause de nombreuses maladies de civilisation comme le diabète, les maladies cardiovasculaires ou encore certains cancers, l’équilibre est à retrouver.
Les cellules cancéreuses, ayant une sensibilité différente au stress par rapport aux cellules non cancéreuses, seraient plus sujettes au stress induit par le jeûne. Ainsi en jeûnant avant une cure de chimiothérapie, la pénétration du produit se fera préférablement dans les cellules cancéreuses stressées que les cellules saines et sera alors plus efficiente. Si l’idée semble séduisante le nombre d’études cliniques reste encore trop faible pour tirer de véritables conclusions.
Conclusion: Malgré l’ancestralité du jeûne, cette pratique reste toujours d’actualité. Bien qu’il soit à l’origine de coutume religieuse, il prend aujourd’hui le visage de démarches thérapeuthiques et intéresse de nombreux regards scientifiques. Un jeûne raisonné, qui serait synonyme de diminution quotidienne de la prise alimentaire est sans aucun doute une mesure majeure de prévention de maladies chroniques. Cependant son rôle à jouer en thérapie suscitent encore beaucoup de questionnement.