Le député Pierre-Yves Le Borgn’ sur la situation des étudiants en médecine expatriés

Alors que les ECN approchent pour les étudiants en médecine en France (27, 28 et 29 mai 2015), l’impossibilité pour les étudiants expatriés d’accéder au programme de préparation est sujet à débat. En effet, depuis 2013, les étudiants de médecine, qui ne font pas leurs études en France, n’ont pas accès au SIDES et ne peuvent donc prép

Alors que les ECN approchent pour les étudiants en médecine en France (27, 28 et 29 mai 2015), l’impossibilité pour les étudiants expatriés d’accéder au programme de préparation est sujet à débat. En effet, depuis 2013, les étudiants de médecine, qui ne font pas leurs études en France, n’ont pas accès au SIDES et ne peuvent donc préparer efficacement les ECN. Une situation dont le député des Français de l’étranger, Pierre-Yves Le Borgn’ a été informé. Il a répondu à nos questions.

Q1. Les problèmes rencontrés par les étudiants en médecine expatriés vous étaient-ils connus avant les incidents du mois de mars ?

Depuis deux ans que je suis député des Français de l’étranger, je n’avais jamais entendu parler d’incidents touchant les universités proposant un cursus francophone de médecine en Roumanie et qui accueillent plusieurs milliers de Français souvent suite à un échec à l’issue de la PACES (Première année commune aux Etudes de Santé).

J’ai été contacté il y a de cela quelques mois par l’université de Iasi pour un problème de reconnaissance de diplôme mais aucunement pour des cas aussi tragiques que ceux vécus à l’Université de Cluj ces dernières semaines.

Q2. À l’heure actuelle, les étudiants faisant leurs études de médecine dans un pays autre que la France, n’ont pas accès au SIDES (Système Informatisé Distribué d’Évaluation en Santé), programme de préparation aux ECN. En quoi est-ce selon vous discriminatoire vis à vis d’eux ?

Empêcher l’accès au programme SIDES est une violation évidente du droit communautaire. On ne peut pas dans un même temps encourager la libre circulation des jeunes, étudiants compris au sein de l’Union européenne et en même temps avantager ceux qui sont restés sur le territoire national en leur donnant accès à une source interdite à d’autres.

Le législateur européen a été plus vite que le changement de mentalité en rédigeant la directive 2005/36/CE relative à la reconnaissance des qualifications professionnelles. Certains pensent encore dans notre pays qu’un médecin est moins compétent après avoir suivi son cursus en Roumanie. Il serait temps que les mentalités changent et ce pour le bien de tous. Je ne vois que deux solutions pour stopper le désert médical qui est en train de recouvrir petit à petit le monde rural dans l’hexagone : soit on suspend le numérus clausus qui limite le nombre d’étudiants ou bien alors on fait tout notre possible pour que les étudiants arrivés à la fin de la sixième année aient les mêmes chances de réussite au moment de passer les ECN Epreuves Classantes Nationales.

Q3. Vous soutenez la cause des étudiants du CLUJ, êtes-vous le seul dans l’hémicycle ou votre opinion est-elle partagée par d’autres ?

De par ma fonction singulière de député représentant les Français de l’étranger a fortiori de Roumanie, je suis sans doute l’élu du Palais Bourbon le plus au courant de la situation à Cluj. J’ai informé mes collègues du Groupe d’Amitié France-Roumanie de l’Assemblée nationale et suis en contact avec l’un des secrétaires de ce groupe d’amitié, Yannick Moreau, député de Vendée. Mon collègue s’intéresse beaucoup à la Roumanie et connait très bien ce pays de ma circonscription. Le fait que son épouse soit citoyenne de ce pays y est certainement pour quelque chose.

Q4. Que comptez-vous faire concrètement pour soutenir les étudiants ? Avez-vous des propositions ?

Dès que j’ai été informé des deux cas de suicide, j’ai pris l’attache de notre consul honoraire à Cluj, Monsieur Pascal Fesneau  ainsi que de notre ambassade à Bucarest. Notre poste diplomatique m’informe très régulièrement des actions réalisées sur place. Je tiens d’ailleurs à remercier Monsieur l’Ambassadeur François Saint-Paul, Madame la Première Conseillère Catherine Suard ainsi que Monsieur Benoît Bavouset, Directeur de l’antenne régionale de l’Institut français pour leur action sur place.

Après ma rencontre avec le papa d’une des victimes, j’ai alerté le Ministère de Laurent  Fabius. J’ai également discuté avec Harlem Désir, Secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes. Pour mesurer le malaise qui règne au sein de la communauté estudiantine française de Cluj et pour tenter de répondre aux interrogations des étudiants, je me rendrai très bientôt auprès d’eux. Je compte également rencontrer la direction de l’Université. Une fois rentré, je serai en mesure d’œuvrer en tant que Député des Français de l’étranger et ainsi apporter des réponses à nos jeunes compatriotes qui décidèrent de tout quitter pour suivre leur cursus à l’autre bout de l’Europe.

Texte : pg


Notre série : “Faire ses études de médecine à l’étranger”.

De nombreux Français quittent la France pour faire leurs études de médecine à l’étranger, pourtant l’expatriation n’est pas toujours évidente, en témoignent les événements récents, qui ont eu lieu à CLUJ en Roumanie. Nous avons contacté différents acteurs de la scène médicale ou politique afin d’en apprendre plus sur cette réalité.

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