Le cancer pendant la grossesse: rare mais possible

Parlons d’une forme particulière et rare de cancers : ceux qui surviennent au cours d’une grossesse. Cette situation concerne 500 femmes en France chaque année sur les plus de 800 000 naissances par an. Le plus fréquemment il s’agit d’un cancer du sein. Sa fréquence est de moins de 3% chez les femmes de moins de 35 ans ma

Parlons d’une forme particulière et rare de cancers : ceux qui surviennent au cours d’une grossesse. Cette situation concerne 500 femmes en France chaque année sur les plus de 800 000 naissances par an. Le plus fréquemment il s’agit d’un cancer du sein. Sa fréquence est de moins de 3% chez les femmes de moins de 35 ans mais de 15% chez les moins de 45 ans. Avec l’augmentation de l’âge moyen des femmes enceintes, les risques de survenue d’un cancer au moment de la grossesse sont donc accrus. De plus, le cancer est la seconde cause de mortalité chez les femmes de 25 à 44 ans.

Ces cas sont isolés, ce qui peut plonger les patientes dans la solitude d’autant plus que le personnel soignant n’est pas habitué à les prendre en charge. Pour optimiser le traitement de ces patientes le réseau « cancer associé à ta grossesse » a été crée en 2008. Il en existe deux centres par région pour conseiller à la fois les patientes mais aussi les praticiens. Ce réseau met en place des référentiels et des réunions pluridisciplinaires pour que les protocoles thérapeutiques suivis soient homogènes à échelle nationale. Il a aussi pour but de récolter des données épidémiologiques et pharmacologiques grâce à un registre des patientes et des enfants par exemple.

Les effets d’un cancer sur la grossesse

Tout d’abord, le cancer n’est pas transmissible au fœtus. Les dangers qu’il peut y avoir concerne les contre-indications envers certains traitements. Tout va dépendre du stade de la grossesse, du type et de l’agressivité de la tumeur. Si le cancer est découvert pendant le premier trimestre de la grossesse et qu’il est très agressif, une interruption médicale de la grossesse peut être envisagée. Mais si la femme a eu des difficultés pour être enceinte et n’est pas sure de pouvoir le redevenir un jour, son refus devra être accepté.

Une interruption ne modifie cependant que rarement le pronostic de la patiente, la majorité des traitements peuvent en effet être suivis. Une intervention chirurgicale est possible tout au long de la grossesse et cela reste la meilleure solution en particulier pour les cancers mammaires. La chimiothérapie est possible dès le milieu du deuxième trimestre mais un suivi du dosage est primordial. La pharmacocinétique est modifiée par les changements physiologiques liés à la grossesse (motilité gastro-intestinale réduite, remplissage de l’estomac ralenti, quantité d’eau totale corporelle augmentée…), une bonne surveillance de la mère et du bébé est donc importante. En revanche l’irradiation générée par la radiothérapie implique une contre-indication pendant la grossesse (absolue pendant le premier trimestre). Si elle s’avère vraiment nécessaire elle peut être effectuée au deuxième ou troisième trimestre si elle concerne un organe éloigné du pelvis et que de grosses précautions sont prises. Néanmoins comme une chimiothérapie est souvent pratiquée pendant 6 mois avant de débuter une radiothérapie, cela laisse un laps de temps suffisant pour mener la grossesse à terme.

Cependant la naissance est souvent provoquée avant terme pour limiter l’exposition du fœtus aux traitements et soigner la mère plus rapidement. Dans trois cas sur quatre il y a recours a une césarienne. Enfin, l’allaitement est déconseillé notamment dans les cancers du sein.

Quel suivi pour la mère ?

Un suivi psychologique adapté à chaque patiente doit être mis en place. Ces femmes sont souvent angoissées à l’idée de faire souffrir leur enfant, de le perdre ou même de mourir. Pourtant, la maladie ne doit pas leur ôter la joie de devenir mères. Il faut pouvoir les rassurer sur les traitements et sur l’issue positive de la situation même dans ces circonstances.

Sur les 500 cas de cancers au cours d’une grossesse, 2% aboutissent au décès de la mère. La thérapie est donc assez efficace et elle n’engendre pas de problème pour les éventuelles grossesses futures de la patiente si elle date de plus d’un an et demi au moins. On sait aussi que les grossesses n’entraînent a priori pas de rechute d’un cancer en cours de traitement, mais c’est souvent l’arrêt de l’hormonothérapie contre-indiquée chez les femmes enceintes qui peut laisser réémerger la tumeur. Mais les études concernant ces patientes sont encore trop rares et les effets sur le fœtus sont parfois tardif d’où la nécessité de suivre mère et enfant. Le rôle des soignants reste avant tout d’apporter une information claire et fiable au couple après concertation entre spécialistes car la décision reviendra toujours aux parents.

je-me-ligue-pauline (1)Semaine nationale de lutte contre le cancer.

La Semaine nationale de lutte contre le cancer est un événement annuel organisé par La Ligue afin de “partager, sensibiliser, impliquer, concerner tous les publics à la nécessité de lutter contre le cancer.” Cette année la semaine se déroule du 16 au 22 mars. À cette occasion, nous publierons chaque jour, un article en rapport avec le cancer.
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