Entretien avec le Dr. Alain Lafeuillade, Président de l’ISHEID

Le Dr. Alain Lafeuillade, Président du Symposium International sur le VIH et les Maladies Infectieuses Emergentes ( ISHEID ), qui se tiendra au Parc Chanot de Marseille, du 25 au 27 mai 2016 a répondu à nos questions. 1. Les récents développement d’épidémies telles qu’Ebola ou Zika ont démontré que la lutte contre les maladies infectieuses devai

Le Dr. Alain Lafeuillade, Président du Symposium International sur le VIH et les Maladies Infectieuses Emergentes ( ISHEID ), qui se tiendra au Parc Chanot de Marseille, du 25 au 27 mai 2016 a répondu à nos questions.

1. Les récents développement d’épidémies telles qu’Ebola ou Zika ont démontré que la lutte contre les maladies infectieuses devait être rapide et coordonnée par la communauté internationale. Considérant la réponse plutôt tardive, disparate et souvent chaotique de cette dernière lors des épidémies récentes, qu’est-ce qui pourrait être mis en oeuvre, d’un point de vue politique, afin d’améliorer les réponses futures à de tels épisodes épidémiques ?

La pandémie d’ebola a été un bon exemple de comment la réponse peut être tardive et chaotique et l’OMS, elle-même, a fini par le reconnaître. Mais il n’est pas toujours facile de prendre rapidement les bonnes décisions, lorsque des informations contradictoires arrivent du terrain. Il est primordial d’avoir le meilleur réseau possible avec les meilleurs scientifiques sur place et ceci doit être construit des années auparavant, dans un objectif visionnaire, afin d’éviter ces problèmes. Le professeur Robert Gallo de Baltimore est à l’heure actuelle en train de créer une sorte de “Global Viral Network” avec des scientifiques et des laboratoires du monde entier, prêts à relever le prochain challenge.

2. À l’heure actuelle, les virus émergents ou résurgents, peuvent rapidement représenter un danger. Selon vous quelle est la probabilité que les terroristes utilisent un de ces virus comme arme et que peut-on mettre en place pour prévenir cela ?

Ce qu’on appelle le bioterrorisme utilisait jusque maintenant surtout l’antarax. Mais la baisse d’immunité d’une large population envers des maladies éradiquées telles que la variole (dont l’éradication fut totale dans les années 70) rend des épidémies graves possibles dans le cas où les terroristes, mettaient la main sur des souches de ce virus. Néanmoins, l’idée que les terroristes puissent créer de novo une nouvelle maladie grâce à des recombinaisons génétiques est surtout de l’ordre de la fiction, puisqu’il faudrait pour cela qu’ils créent aussi le vaccin afin de se protéger eux-mêmes.

3. Certains considèrent le Pre-Exposure Prophylaxis comme une révolution dans la lutte contre le VIH/Sida. Cela a-t-il changé le comportement des gens et contribué à une augmentation des cas d’autres IST ?

D’aprés les résultats des essais cliniques, l’accès aux PreP NE CHANGE PAS le comportement des gens. Malgré un suivi régulier pendant la prise de PreP lors des essais cliniques, le même pourcentage élevé de risques (relations sexuelles anales passives sans préservatif) a été constaté sur plusieurs mois. Et il ne s’agit pas là de la vie réelle mais d’essais cliniques.

La plupart des homosexuels ayant recours au PreP veulent éviter l’utilisation du préservatif tout en diminuant leur risque de contracter le VIH. La Syphilis, le VHC et les autres IST qui peuvent être guéries ne sont pas leur préoccupation. Dans l’essai IPERGAY, le suivi principal était juste plus de neuf mois. Dans la vie réelle je pense que la baisse des cas de VIH dû au PreP sera accompagnée d’une augmentation des autres IST.

Pour en savoir plus sur l’ISHEID, rendez-vous sur le site de l’événement.

Texte : esanum / pg