Persistance de la lactase à l’âge adulte et risque d’obésité

Contrairement à la plupart des mammifères, beaucoup d’humains ont la capacité de digérer le lactose à l’âge adulte, grâce à l’enzyme lactase continuant à s’exprimer, formant le phénotype “lactase persistence” (LP). A l’inverse, le phénotype non persistant (LNP) peut provoquer douleurs, crampes, nausées et diarrhées associés à une forte consommat

Contrairement à la plupart des mammifères, beaucoup d’humains ont la capacité de digérer le lactose à l’âge adulte, grâce à l’enzyme lactase continuant à s’exprimer, formant le phénotype “lactase persistence” (LP). A l’inverse, le phénotype non persistant (LNP) peut provoquer douleurs, crampes, nausées et diarrhées associés à une forte consommation de produits laitiers.

Contexte
La capacité de digestion du lactose chez l’adulte est contrôlée génétiquement par plusieurs polymorphismes en amont du gène codant la lactase. En particulier, le polymorphisme rs4988235 (-13910C>T) est associé à une activité de la lactase selon un modèle autosomal dominant (génotype CC = hypolactasie (phénotype LNP) et génotypes CT/TT = persistance de la lactase (phénotype LP)) dans des population européennes. Le phénotype LP est associé à l’obésité adulte et à un IMC, IMG et tour de taille augmentés pendant l’enfance.

Etude et méthodes
Une équipe portugaise a évalué l’association entre le polymorphisme génétique rs4988235 et le surpoids/obésité et les mesures liées à l’obésité, au sein d’une population de jeunes adultes portugais. Les résultats sont publiés dans le European Journal of Clinical Nutrition (DOI: 10.1038/ejcn.2016.164). Des étudiants (n=447) ont été recrutés aléatoirement entre 2013 et 2015 à l’université de Coimbra (Portugal). Des mesures anthropométriques (indice de masse grasse, IMG, et taille et poids donnant l’indice de masse corporelle, IMC) et d’activité physique ont été réalisées, et de l’ADN génomique a été extrait à partir d’échantillons buccaux, puis analysé par PCR en temps réel pour séquencer le polymorphisme d’intérêt.

Résultats
La fréquence des génotypes CC, CT et TT est de 35.8, 48.1 et 16.1%, donnant une fréquence de l’allèle T de 0.402. En se basant sur une dominance de l’allèle T, le génotype de persistance (CT/TT) est positivement associé au poids (p=0.021), à l’IMC (p=0.003) et à l’IMG (p=0.007), après ajustement des données à l’âge et au sexe. Le risque d’obésité a été évalué en fonction du génotype, selon une définition par l’IMC (contrôle: IMC<25 kg/m², cas: IMC≥30 kg/m²) ou par l’IMG (valeurs seuils: [10-19ans]= 18% pour les hommes et 25% pour les femmes, et [20-30ans]= 18% pour les hommes et 26% pour les femmes). Après ajustement à l’âge et au sexe, le risque d’obésité est significativement associé au génotype LP (OR=1.77, IC95%=[1.08-2.92], p=0.02 selon l’IMC, et OR=1.58, IC95%=[1.01-2.46], p=0.04 selon l’IMG). Aucune interaction n’a été observée entre l’activité physique des participants et le polymorphisme génétique de la lactase

Conclusions
Si le polymorphisme rs4988235 a déjà été associé au risque d’obésité, cette étude confirme l’association dans une population de jeunes adultes portugais. Répliquer des résultats d’association dans différentes études indépendantes est très important pour la compréhension de la base génétique des pathologies, ici l’obésité. En particulier, cette étude révèle des associations significatives entre le polymorphisme d’intérêt et des mesures quantitatives de l’adiposité (poids, IMC et IMG), ainsi qu’avec le risque d’obésité (selon l’IMC) et de présenter un fort taux de graisses corporelles.
La consommation de produits laitiers n’a pas été évaluée dans cette étude, mais il est très probable que les associations observées soient corrélées avec cette consommation par les participants LP.

Texte : jd /esanum
Photo : Tarasyuk Igor / Shutterstock


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