La tuberculose : comment la reconnaître et la traiter ?

Les chiffres de la tuberculose remontent. Comment ne pas passer à côté dans votre pratique diagnostique quotidienne ?

Quels sont les différents types de tuberculose ?

Il convient de distinguer l'infection tuberculeuse latente (latent tuberculosis infection, ou LTBI) de la tuberculose cliniquement apparente. Dans l'ensemble, environ un quart de la population mondiale est infecté par la tuberculose, mais seulement 5 % des personnes tombent malades. Autrement dit, le reste de ce quart est infecté, mais de manière latente. Bien que ce type d'infection devrait être considéré par les praticiens comme un diagnostic possible, au même titre que la tuberculose cliniquement apparente, la LTBI est souvent négligée.

L'organe de manifestation primaire de la tuberculose est le poumon, mais une tuberculose pulmonaire peut également se manifester dans n'importe quel organe par voie lymphogène et hématogène, que ce soit pour une infection latente ou cliniquement apparente. En ce qui concerne la tuberculose pulmonaire, on distingue également la tuberculose fermée de la tuberculose ouverte. Dans le cas de la tuberculose fermée, le foyer infectieux n'est pas connecté au système bronchique, c'est-à-dire que les personnes affectées ne sont pas contagieuses. En revanche, dans le cas de la tuberculose ouverte, le foyer d'infection provoque un envahissement bronchique. Ces patients expectorent alors des bactéries de la tuberculose et sont contagieux.

L'interface critique à ne pas franchir est la transition de la LTBI à la tuberculose cliniquement apparente. En effet, une progression et donc une activation de la maladie peuvent survenir à tout moment de la vie du patient, après une infection inapparente. Certains facteurs de risque rendent cette progression plus probable, c'est pourquoi il est indispensable dans la pratique clinique de garder à l'esprit la possibilité d'une infection tuberculeuse latente et le cas échéant de réaliser un test de LTBI.

Diagnostic de la tuberculose

Il arrive souvent que les praticiens ne pensent pas à la tuberculose. Une anamnèse complète - prenant en compte tous les aspects pertinents pour un diagnostic - est donc indispensable. Les éléments suivants doivent être examinés attentivement :

Le plus important, souligne le Prof. Hartmann, est de toujours garder à l'esprit la tuberculose comme diagnostic possible ( "Think TB !").

En cas de suspicion d'infection tuberculeuse, le bon matériel doit être envoyé pour examen. Le premier choix est le crachat. Il est particulièrement important d'être en relation avec les laboratoires ou les microbiologistes afin de garantir des échantillons de bonne qualité. En outre, un test de tuberculose doit être explicitement demandé.

Le diagnostic de la tuberculose se compose d'une microscopie, d'une biologie moléculaire et d'une analyse culturelle. Aussi, la détermination de la résistance doit être effectuée dès le début, car elle permet non seulement de diagnostiquer la tuberculose, mais aussi de détecter une résistance à l'INH et au RMP, ce qui influence ensuite le traitement.

Facteurs pour une thérapie réussie de la tuberculose

Les recommandations pour le traitement de la tuberculose chez les adultes ont été mises à jour2 à la fin de l'année dernière, mais la thérapie standard de la tuberculose n'a pas beaucoup changé au cours des dernières décennies. Elle est toujours caractérisée par le fait qu'elle consiste en un grand nombre de comprimés, qu'elle dure longtemps et qu'elle entraîne de nombreux effets secondaires. Cela provoque souvent des problèmes d'adhésion chez les personnes concernées et nécessite donc un suivi très empathique des patients pendant les six mois que dure le traitement global.

Le traitement se déroule en deux phases :

Ce traitement standard est ajusté en fonction du poids. D'autres ajustements possibles sont nécessaires, selon le Prof. Hartmann, en cas :

Il est clairement établi que l'accompagnement thérapeutique des patients est extrêmement important. En plus d'une information dans la langue maternelle - très régulièrement, la tuberculose est diagnostiquée chez des personnes nées en dehors du territoire - l'évaluation des facteurs de risque pour les effets indésirables et les facteurs sociaux est également très importante. Les contrôles de l'observance et des effets secondaires potentiels doivent être effectués régulièrement. Un bon indicateur de l'adhésion du patient au traitement est la coloration rouge des fluides corporels due à la prise de RMP.

Si le diagnostic de LTBI est établi, il convient de déterminer individuellement si une thérapie préventive doit être initiée. Les lignes directrices actualisées2 recommandent fortement une thérapie préventive pour les personnes en contact avec des individus infectés par la tuberculose, ainsi que pour les personnes vivant avec le VIH et présentant simultanément des facteurs de risque supplémentaires.

De plus, les lignes directrices recommandent une thérapie préventive pour les patients présentant une LTBI dans les cas suivants :

En conclusion, la Professeur Hartmann souligne l'importance de la vigilance face à la tuberculose, en particulier chez les groupes à risque. Le motto "Think TB!" est selon elle fondamental.

Références
  1. Hartmann, Pia. "Diagnose und Therapie der Tuberkulose im Erwachsenenalter." Session: Neue Leitlinien für Diagnostik und Therapie ausgewählter Infektionen - Was ist neu für die Praxis?, DGIM Kongress 2023. 
  2. https://register.awmf.org/de/leitlinien/detail/020-019
  3. Bulletin épidémiologique hebdomadaire, Santé Publique France, 19 mars 2024