La sécurité et la santé des médecins au travail

Le 28 avril c’était la journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail…Parlons donc de celles des médecins !  C’est bien connu, un hôpital n’est pas le lieu le plus sûr du monde … Bactéries, virus, parasites, les patients qui arrivent apportent à leurs dépens des micro-organismes multiples et souvent incon

Le 28 avril c’était la journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail…Parlons donc de celles des médecins !  C’est bien connu, un hôpital n’est pas le lieu le plus sûr du monde … Bactéries, virus, parasites, les patients qui arrivent apportent à leurs dépens des micro-organismes multiples et souvent inconnus au début de leur prise en charge. Mais qu’en est-il lorsque les patients deviennent consciemment un danger pour le personnel soignant ?

Depuis 2003, l’Observatoire de la Sécurité des Médecins publie annuellement un rapport relevant les cas déclarés d’agression. Le recensement des violences faites aux médecins pour l’année 2014 vient tout juste de paraître et dévoile que 901 déclarations ont été émises (la moyenne étant de 707/an depuis sa création). Le département le plus touché est le Nord avec 63 déclarations et 61% des médecins agressés étaient généralistes (en 2014 les proportion de médecins généralistes était de 54% contre 46% de spécialistes). Parmi les spécialistes, les ophtalmologues étaient les plus nombreux (7%).

Quel est le profil des victimes et des agresseurs?

47% des personnes agressées étaient des femmes, sachant qu’en 2014, 44% des médecins étaient des femmes. Ces statistiques se basent sur des fiches de déclaration envoyées par des médecins concernant dans 90% une agression sur eux-même et dans 17% une agression sur un collaborateur, sachant qu’il est possible de faire une fiche pour deux personnes. Dans un cas sur deux l’agresseur était le patient et dans 18% des cas une personne l’accompagnant.

De quel type d’agression s’agit-il?

Dans la grande majorité des cas (96%) aucune arme n’a été utilisée, 65% des agressions étaient verbales et/ou comportaient des menaces, dans 21% des cas il s’agissait d’un vol ou d’une tentative, 11% des agressions étaient physiques et dans 10% des cas ont eu lieu des actes de vandalisme.

Le motif de l’agression est dans 1/3 des situations un reproche relatif à une prise en charge, dans 20% il s’agissait d’un vol et 14% concernaient un refus de prescription (médicament, arrêt de travail). Plus de la moitié des cas s’est déroulée en milieu urbain (en centre ville) et 83% des incidents se déroulent dans l’exercice de la médecine de ville. Dans 8% des cas l’agression a conduit à une interruption de travail.

Comment faire évoluer la situation?

52% des victimes n’ont fait aucune démarche judiciaire pour signaler l’incident, seulement 34% ont déposé une plainte et 14% une main courante. Actuellement, les violences sur le personnel soignant reste encore un sujet tabou. Les victimes (surtout masculines) se sentent parfois humiliées d’avoir subi une agression et reste dans le silence. De plus, ces chiffres sont surement sous-estimés car le taux de déclaration par rapport à tous les incidents qui ont réellement lieu reste assez faible. En effet, il y avait 200 000 praticiens en 2014, ce qui donne une estimation de 4,5 médecins sur 1000 ont effectué une déclaration. Les médecins qui souhaitent le signaler peuvent se sentir isoler face à leur collègue qui préfère ne donner suite.

Plus de 3000 médecins ont assisté à des réunions de prévention avec la participation des services de police et de gendarmerie. Il existe des méthodes simples pour dénouer un conflit par la parole. Parmi les victimes on trouve aussi des internes, plus jeunes, moins expérimentés et qui paraissent donc vulnérables. Lors de l’externat, les étudiants sont encore sous la tutelle protectrice des internes mais quand arrive leur tour, ils ne sont pas forcément prêts à faire face à un patient mécontent tout en restant diplomatique… Davantage de formations aux techniques de communication et de psychologie au cours des études médicales seraient utiles pour désamorcer par le dialogue une crise qui pourrait dégénérer.

Acquérir ce réflexe “déclaratif” améliorerait la situation des médecins qui ne se sentiraient plus isolés, diminuerait peut-être même l’incidence des agressions car la punition des agresseurs les encouragerait à ne pas récidiver et enfin pouvoir parler d’une agression évite de développer un mal-être au travail et une méfiance envers les futurs patients. La confiance est la base de la relation soignant-soigné, ces violences doivent l’altérer le moins possible.