La réforme des études médicales vues par la technocratie

Le plan santé comprend 54 propositions. Il prévoit en particulier la fin de la PACES et la suppression de l’ECNi, mais certains points fondamentaux ne sont pas pris en compte pour que cette réforme puisse réussir.

Nous avons analysé dans les colonnes d’Esanum les raisons des échecs des précédents plans santé, aussi nous n’y reviendrons pas !

Ces échecs expliquent le mal-être grandissant des internes et des praticiens tant libéraux qu’hospitaliers harassés par les tutelles et les normes.

Le plan santé comprend 54 propositions. Il prévoit en particulier la fin de la PACES et la suppression de l’ECNi, mais certains points fondamentaux ne sont pas pris en compte pour que cette réforme puisse réussir.

Il ne faudrait pas en effet que d’une médecine salariée ou conventionnée on passe à une médecine subventionnée et administrée en marche vers une nationalisation déguisée, ce qui laisserait de plus en plus de patients au bord du chemin.

Nos jeunes médecins les « Docteurs juniors » se sentent malmenés. Ils sont menacés par le burn-out comme en témoigne le suicide des plus fragiles ! Ils craignent pour leur avenir ce qui est un comble !

La conférence des Doyens de médecine et le Professeur Saint-André se sont penchés sur cette réforme, mais tout reste dans le flou avec la Licence santé et le portail santé.
 

Les cliniciens sont trop minoritaires au conseil des universités pour se faire entendre. Nombre d’universitaires de sciences « fondamentales » ont peur de perdre leur chaire si on limitait à l’essentiel les matières de la licence lors des trois premières années. Il faudrait envoyer plus tôt les stagiaires à l’hôpital. L’Externat devrait en effet commencer dès la fin de la 2e année pour accéder tôt à la formation médicale clinique. 

La suppression du N.C.

Ce dernier ne pourrait changer la donne sur la pénurie de médecins généralistes que si on raccourcissait dans le même temps la durée des études de MG, sinon il faudra attendre 10 à 12 ans pour en voire les effets :

Plusieurs questions se posent : L’entrée en faculté restera-t-elle libre ? Les filières du bac scientifique seront-elles revues ? Comment se fera ensuite la sélection ? Les critères de sélection ne seront-ils pas  plus ou moins aléatoires : Oral, entretiens, épreuves partielles ?

Une sélection sera toujours nécessaire, car chaque année entrent en faculté de médecine plus de 60 000 candidats ».

Quelles mesures accompagneront la suppression du Numérus Clausus prévue pour 2022 ?

Les matières du tronc commun de la « licence » restent trop théoriques. La biochimie a-t-elle un intérêt pour un futur chirurgien ? Trois en de sciences fondamentales c’est trop long. Les stagiaires apprenaient la sémiologie et la clinique beaucoup plus tôt grâce à la préparation du concours de l’Externat ! Dès le premier stage, on apprenait à lire un ECG, à faire le diagnostic d’un gros foie ou d’un épanchement et à ausculter le cœur. Les externes savaient faire un diagnostic lire une radio faire un plâtre et suturer.

Les « internes » mal préparés à prendre leurs fonctions ont été convaincus que l’internat doit être prolongé. C’est une faute !

Le Président de la conférence des Doyen Jean Sibilia que j’ai rencontré en a pris conscience… mais quelles sont ses marges de manœuvre ? La santé est en effet « cadrée » par des conseillers et des énarques des plus difficiles  à convaincre, car trop dogmatiques.

Des études d’une durée de 10 à 12 ans pour former un Médecin généraliste c’est trop long ! 

L’internat de MG est en effet passé de un à trois ans et ce sera bientôt quatre ans. Après Mai 68, date de la surpression du Concours de l’Externat, les Internes étaient toujours nommés par concours. Ils étaient pour la plupart heureux à l’hôpital. L’internat vient d’être sacrifié sur l’Hôtel du LMD et des normes européennes. Quitte à être traité de réactionnaire, il faut se poser la question : « Ne faut-il pas revenir en arrière ?

Il faudra en plus faire  un an de post internat pour pouvoir accéder au secteur 2 ce qui retardera d’autant l’installation.

Il me semble évident que la raison profonde de ces décisions ont en filigrane le souhait de garder le plus longtemps possible à l’hôpital ces mercenaires corvéables et peu coûteux pour “faire marcher” les services.

Le deuxième cycle 

La découverte des territoires est primordiale pour une future installation en médecine générale. Pour cela des stages en ambulatoire au sein de maisons de santé pluridisciplinaires ou en clinique sont la solution.

Il faudrait créer des écoles de médecine générale et de soins ambulatoires en orientant les 2/3 des étudiants vers ces filières et les former avec un cycle raccourci de deux ans au lieu de quatre.

Lors de l’Externat et de l’Internat de médecine générale, 8 à 10 stages de 6 mois permettraient de former des milliers de médecins généralistes supplémentaires en quelques années pour résoudre la désertification. Le principal obstacle est celui des jeunes médecins qui, séquelle de Mai 68, veulent tous être “spécialistes”. Ils réclament même le Clinicat…

Le Syndicat national des jeunes généralistes (SNJMG) se montre pourtant des plus réservé sur cette logique réformatrice.

Les 2/3 des étudiants devront être réorientés, mais sur quels critères ? Deviendront-ils des diplômés para médicaux, des assistants ou des  techniciens de santé, des infirmiers de l’avant, des practitionners, voire des officiers de santé ?  

Un problème majeur n’est pas réglé, à quel stade de ces études seront séparées les filières entre la médecine, la chirurgie, le dentaire et la maïeutique ?

A mon sens cela doit être à la fin de la première année du premier cycle compte tenu d’exigences spécifiques des spécialités lourdes en particulier la chirurgie.

Pour la chirurgie une ou deux années “professionnalisantes” pendant le deuxième cycle devraient préparer les futurs chirurgiens à la vidéo chirurgie grâce à des simulateurs, des robots et par la dissection.

Pour cela il faudrait là aussi créer des écoles de chirurgie en particulier à Paris qui est très en retard par rapport à Strasbourg ou Lyon.

Les pilotes de chasse rompus à la technologie sont formés dès l’âge de 20 ans grâce aux simulateurs ce qui manque pendant les études en faculté de médecine.