La gonorrhée, résistante aux antibiotiques

L’OMS publie les résultats du programme mondial de surveillance sur la gonorrhée, maladie sexuellement transmissible qui touche 78 millions de personnes dans le monde. Devenue de plus en plus résistante aux traitements antibiotiques, l'urgence est de développer de nouveaux traitements pour soigner les malades.

La gonorrhée se transmet lors de relations sexuelles orales, anales ou vaginales non protégées avec un partenaire infecté. Maladie sexuellement transmissible courante dans le monde, elle touche aussi bien les hommes que les femmes, bien que le diagnostic chez l’homme se fait plus facilement dû à des symptômes plus évidents.

L’étude organisée par l’OMS qui a impliqué 77 pays, montre la résistance de la bactérie face aux antibiotiques. Comme l’explique le Dr Teodora Wi, médecin, Département Santé reproductive à l’OMS : « La bactérie responsable de la gonorrhée est particulièrement intelligente. En effet, à chaque fois que nous utilisons une nouvelle classe d’antibiotiques pour traiter l’infection, la bactérie évolue pour y résister ».

Les estimations font état de 78 millions de personnes infectées par la gonorrhée, dont une grande majorité dans la région Pacifique occidentale, Asie du Sud-Est, Afrique et Amériques. Plus de 8 millions d'infectés en Europe et Méditerranée orientale.

Comme montre les données du programme mondial de l’OMS pour la période 2009-2014, il y a une résistance accrue à la ciprofloxacine, à l’azithromycine et un début de résistance aux céphalosporines, le dernier traitement possible après la résistance aux deux autres.

En 2016 déjà l’OMS recommandait aux médecins d’administrer les deux antibiotiques de céphalosporines : la ceftriaxone et l’azythromycine.

Mais la filière de recherche-développement pour la gonorrhée est trop peu développée et les traitements qui sont ponctuels, à l’inverse de traitements pour des maladies chroniques, pour une bactérie en constante évolution, n’intéressent pas les laboratoires pharmaceutiques à investir.

L’OMS insiste donc sur la prévention à l’encontre du public, en adoptant des comportements sexuels sûrs, avec avant tout l’utilisation du préservatif. Pour les médecins il est primordial de limiter l’usage des antibiotiques et de bien éliminer d’autres infections avant de diagnostiquer une gonorrhée. 

« Nous avons besoin de nouveaux antibiotiques et de tests de diagnostic rapide et précis réalisables sur le lieu des soins – idéalement, des tests qui permettent de prédire quels antibiotiques seront efficaces contre cette infection. À plus long terme, il nous faut un vaccin pour prévenir la gonorrhée » souligne le Dr Marc Sprenger, Directeur du Département Résistance aux antimicrobiens de l’OMS.