Association entre IMC et mortalité – l’obésité hors de cause?

Le surpoids et l’obésité sont définis par un indice de masse corporelle (IMC*) compris entre 25 et 30, ou supérieur à 30, respectivement. La prévalence de l’obésité croît vers des proportions épidémiques à l’échelle globale. L’obésité est associée à de nombreuses maladies chroniques comme les cancers, les maladies cardiovasculaires ou le diabète

Le surpoids et l’obésité sont définis par un indice de masse corporelle (IMC*) compris entre 25 et 30, ou supérieur à 30, respectivement. La prévalence de l’obésité croît vers des proportions épidémiques à l’échelle globale. L’obésité est associée à de nombreuses maladies chroniques comme les cancers, les maladies cardiovasculaires ou le diabète. Un grand intérêt est porté à l’association entre IMC et mortalité toute cause confondue.

Contexte
La grande majorité des études ont été réalisées sur des populations occidentales, et les résultats sont très divergents, tantôt associant le surpoids à un risque diminué de mortalité, tantôt à un risque accru, voir révélant une absence d’association. Une hétérogénéité d’âge, d’IMC, d’IMC de référence, l’existence de maladies chroniques ou de facteurs confondants peuvent expliquer une telle contradiction de la littérature.

Etude et méthodes
Une étude prospective (Doi:10.1038/srep31609) a été menée sur 384’533 sujets du district Yinzhou (Ningbo, Chine) afin d’étudier l’association entre IMC et mortalité. Les participants ont été enrôlés entre 2004 et 2009, et ont répondu à un questionnaire standardisé pour l’évaluation des paramètres démographiques et facteurs de risque liés au style de vie. Le statut vital des participants a été suivi sur une période maximale de 10 ans (dernier relevé au 31 décembre 2014).

Résultats
Au moment du recrutement, 81% des participants avaient un IMC normal (18.5 à 25), 3% présentaient un IMC faible (<18.5) et 16% un IMC élevé (>25). Un total de 12’843 participants sont décédés durant le suivi. Le risque de mortalité semble inversement associé à l’IMC, même après ajustement des données aux facteurs confondants d’âge, de sexe, de consommation de tabac et d’alcool, du statut marital, du niveau d’éducation et de l’activité physique. En prenant comme référence les individus d’IMC compris entre 22.5 et 24.9, le risque associé à un IMC35 respectivement. Ce profil est conservé quel que soit le sexe, mais est plus marqué chez les hommes (HR=2.01 vs. 1.38 pour un IMC<15). De même, une différence existe selon l’âge des participants (60 ans) mais n’atteint pas la significativité statistique. On note cependant chez les sujets plus jeunes un risque accru de mortalité associé à toutes les classes d’IMC 35 plus élevé (mais non significatif) chez les sujets suivis plus de 4 ans.

Conclusions
Une association entre IMC et mortalité a pu être montrée dans cette étude, mettant en avant un risque maximal pour les individus en insuffisance pondérale (IMC<15), et un risque minimal pour des personnes obèses (IMC entre 30 et 32.4), d’une population chinoise spécifique. L’ajustement à différents facteurs confondants n’a pas changé ces résultats, soulignant le rôle direct de l’IMC sur le risque de mortalité. Une difficulté sur l’interprétation de ces résultats est la variation de poids (un gain de poids étant associé positivement au risque de mortalité dans la littérature). Ici, la seule mesure d’IMC peut induire des erreurs de classification entre insuffisance pondérale, surpoids et obésité. Une analyse plus spécifique de la graisse corporelle pourrait être plus pertinente pour évaluer le risque de mortalité associé à l’obésité.

* les valeurs d’IMC sont à lire avec l’unité de mesure kg/m²

Texte : esanum / jd
Photo : bearsky23 / Shutterstock


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