Comment la gémellité de deux pères est-elle possible ?

Il existe deux types de jumeaux: les jumeaux monozygotes (ou « vrais »), issus de la séparation en deux de la cellule-œuf initiale, formant deux embryons génétiquement identiques et les jumeaux dizygotes (ou « faux ») issus de la fécondation de deux spermatozoïdes et deux ovules différents. Dans le cas de jumeaux nés deux pères différents, on a

Il existe deux types de jumeaux: les jumeaux monozygotes (ou « vrais »), issus de la séparation en deux de la cellule-œuf initiale, formant deux embryons génétiquement identiques et les jumeaux dizygotes (ou « faux ») issus de la fécondation de deux spermatozoïdes et deux ovules différents. Dans le cas de jumeaux nés deux pères différents, on a affaire à une gémellité dizygote, issue de deux ovules distincts.

Une femme libère normalement un ovocyte par cycle, mais il peut arriver que deux gamètes soient produits en même temps. Étant donné que des millions de spermatozoïdes cherchent à féconder un ovule après un rapport sexuel, il est possible que les deux ovules soient fécondées. Si les spermatozoïdes fécondant proviennent deux de relations sexuelles distinctes, on a affaire à une superfécondation.

La durée de vie d’un gamète femelle est de 48h maximum, alors que les spermatozoïde peuvent survivre de cinq à huit jours. Partons de l’hypothèse qu’une femme ait libéré deux ovocytes simultanément lors de son cycle ovarien. Un de ces ovules aurait pu être fécondé lors d’un premier report sexuel et le second lors d’un deuxième (survenu par exemple moins de deux jours après le premier). La femme en question aura donc une grossesse gémellaire issue de deux ovules et de deux spermatozoïdes différents, et donnera donc naissance à deux jumeaux dizygotes de deux pères différents. On appelle cela la superfécondation hétéroparentale. La probabilité est infime, mais bien existante.

Il se pourrait aussi que la femme ait libéré un nouvel ovocyte alors qu’elle était déjà enceinte. Ce phénomène n’est normalement pas possible, mais il peut arriver la production d’une nouvelle gamète soit stimulée. Elle serait donc tombée enceinte « deux fois », de deux embryons se développant à quelques semaines d’intervalles, mais qui naîtraient en même temps. C’est ce qu’on appelle la superfétation. Cette hypothèse est néanmoins moins probable que la précédente.

A quel point est-ce fréquent ?

Il est assez difficile d’avoir une idée précise de la prévalence de la superfécondation hétéroparentale. La découverte de l’origine paternelle différente de deux jumeaux se fait généralement à la suite d’un test de paternité réalisé pour une raison particulière. Il est ainsi très probable que plusieurs jumeaux soient issus de pères différents, sans jamais le savoir. Quelques cas ont été jusqu’à présent médiatisés.

Selon une étude de 1993 publiée dans Acta Genet Med Gemellol (Roma) et dirigé par William H James, une paire de jumeaux dizygotes sur douze est issue d’une superfécondation, et donc de deux rapports sexuels différents. Dans la majorité des cas cependant, ces fécondations sont issus de spermatozoïdes du même homme. L’article suggère que – chez les femmes blanches américaines – une paire de jumeaux dizygotes sur 400 est bipaternelle.

Une autre étude de la même revue quant à elle affirme que sur 39 000 cas de tests de paternités réalisés sur des jumeaux, trois cas de superfécondation hétéro-parentale ont été remarqués, ce qui donnerait une prévalence d’un cas sur 13 000.

La superfécondation hétéro-parentale concernerait donc une paire de jumeaux sur 400 à 13 000 selon la source, ce qui fait une fourchette assez large (même si le deuxième chiffre semble plus probable). Dans tous les cas, il semblerait que ces cas soient plus répandus avec la généralisation PMA, qui augmente les chances de donner des jumeaux.

Texte : sb / esanum
Photo : Martin Valigursky / Shutterstock