Fonctions ovariennes et cancer du sein hormonodépendant précoce

La thérapie endocrine est le traitement de choix, adaptable à tout stade de développement de cancer du sein hormonodépendant, en fonction du statut ménopausal, du stade en question, de facteurs de pronostic et de la toxicité des agents endocriniens disponibles. Pour des patientes pré-ménopausées, l’ablation chirurgicale et l’irradiation ont long

La thérapie endocrine est le traitement de choix, adaptable à tout stade de développement de cancer du sein hormonodépendant, en fonction du statut ménopausal, du stade en question, de facteurs de pronostic et de la toxicité des agents endocriniens disponibles. Pour des patientes pré-ménopausées, l’ablation chirurgicale et l’irradiation ont longtemps été utilisés afin de supprimer les fonctions ovariennes, à l’origine de 90% des hormones produites en pré-ménopause.

Ces traitements sont moins utilisés depuis le développement de l’ablation ovarienne médicamenteuse par des agonistes de la LH-RH, hormone hypothalamique stimulant la sécrétion de l’hormone lutéïnisante (LH) responsable des modifications cycliques de l’ovaire. L’utilisation d’agonistes de la LH-RH permet une suppression réversible de la synthèse d’oestrogènes par les ovaires. Une méta-analyse a été conduite afin d’évaluer l’efficacité globale de la suppression des fonctions ovariennes (Ovarian function suppression, OFS) pour le traitement de cancers du sein hormono-dépendant précoces chez des patientes pré-ménopausées (DOI: 10.1038/srep26627).

L’analyse comporte 11 études prospectives contrôlées et randomisées de cohortes pour un total de 12192 patientes pré-ménopausées, seuls les cas de cancer hormonodépendant ont été ici analysés. D’une manière générale, la suppression des fonctions ovariennes améliore la survie sans récidive (facteur de risque de mortalité RR=0.86) ainsi que la survie globale (RR=0.79). Une analyse de sous-groupes a pris en compte la réalisation ou non d’une chimiothérapie, la présence de cellules cancéreuses dans les ganglions lymphatiques, l’âge supérieur ou inférieur à 40 ans et les effets secondaires à l’OFS.

Si les patientes ont reçu une chimiothérapie, la survie sans récidive et la survie globale sont améliorées (RR=0,85 et 0.73, respectivement). Sans chimiothérapie, les chances de survie semblent également améliorées (RR=0.85 dans les deux cas) mais les données obtenues ne sont pas statistiquement significatives. Les trois études ayant pris en compte le statut des ganglions lymphatiques révèlent une survie non améliorée par l’OFS (RR=0.97). Cependant, la survie est améliorée au sein de la population présentant des ganglions négatifs (RR=0.74).

L’âge des patientes (supérieur ou inférieur à 40 ans) a pu être analysé dans cinq études, et a mis en évidence un effet bénéfique de l’OFS sur la survie des patientes jeunes (RR=0.71). Les données des patientes plus âgées (RR=0.88) ne sont pas statistiquement significatives. Enfin, des effets secondaires tels que bouffées de chaleur (RR=1.54) et hypertension (RR=1.53) sont associés au traitement OFS.

En conclusion, l’OFS peut apporter des bénéfices en terme de survie pour les patientes pré-ménopausées atteintes d’un cancer du sein hormono-dépendant précoce. Il semble que l’association à une chimiothérapie soit d’autant plus bénéfique. L’absence de différence significative dans le groupe sans chimiothérapie peut s’expliquer par le fait que les patientes de ce groupe étaient considérées comme “à faible risque” de part l’absence de ganglion positif, une taille plus restreinte des tumeurs (< 2-3 cm) et un grade histologique de la tumeur moins avancé (< 2). L’OFS semble également être particulièrement bénéfique pour des patientes plus jeunes (< 40 ans), chez lesquelles un risque de rechute plus important a été démontré.

Néanmoins, l’OFS montre quelques effets secondaires et nécessite donc d’autres études pour évaluer le rapport risques/bénéfices. Enfin, quelques limitations de cette étude sont à noter, telles que la détermination de l’état de pré-ménopause, parfois réalisée avant et parfois après les traitements ainsi que les différences de temps de traitement à la LH-RH (de 2 à 5 ans, aucune étude clinique n’ayant à ce jour comparé les effets de différents temps de traitement).

Texte : jd / esanum
Photo : Suwin / Shutterstock