Altérations des fonctions autonomes cardiaques après allo-HSCT

La transplantation allogénique de cellules souches hématopoïétiques (allo-HSCT) est un traitement efficace des cancers affectant hématopoïèse et lymphopoïèse. La mortalité décroissante associée à une telle procédure attire maintenant l’attention sur d’autres considérations comme la qualité de vie des survivants. Contexte Peu d’éléments sont disp

La transplantation allogénique de cellules souches hématopoïétiques (allo-HSCT) est un traitement efficace des cancers affectant hématopoïèse et lymphopoïèse. La mortalité décroissante associée à une telle procédure attire maintenant l’attention sur d’autres considérations comme la qualité de vie des survivants.

Contexte
Peu d’éléments sont disponibles à cet égard, mais une dégradation des fonctions autonomes est observée chez plus de 50% des patients de cancers avancés. Les survivants à une allo-HSCT ont un risque accru de présenter des évènements cardiovasculaires néfastes tardifs (risque estimé jusqu’à 17%). La fatigue chronique liée au cancer est courante, et peut persister longtemps après les traitements. Chez des patients non-cancéreux et des survivants de cancer du sein, une relation est suggérée entre une telle fatigue et la fonction autonome cardiaque.

Étude et méthodes
Une étude récente du journal Bone Marrow Transplantation (DOI: 10.1038/bmt.2016.176) s’est intéressée à la fonction autonome cardiaque chez des patients survivants d’une allo-HSCT. Différents tests en laboratoire (LAB) ou en condition de vie courante (DL) ont été menés sur 104 survivants et 45 contrôles en bonne santé, appariés selon l’âge et le sexe (mesure du rythme cardiaque (RC), paramètres respiratoires, activité motrice). Le contrôle cardiaque parasympathique a été évalué par mesure de l’arythmie sinusale respiratoire (ASR), la forme physique par ergométrie et la fatigue chronique par questionnaire. Les critères d’inclusion médicaux sont une allo-HSCT reçue dans une période de 1 à 10 ans et une rémission subséquente à la transplantation.

Résultats
Le temps moyen depuis la transplantation la plus récente est de 4.3 années. Un état de fatigue plus élevé est rapporté par ces patients (p<0.0001). ⅓ d’entre eux font état d’une fatigue sévère. De plus, la capacité aérobie révèle des patients significativement moins en forme que les contrôles (p<0.0001). L’activité physique évaluée en LAB ou DL n’apparaît pas différente entre les deux groupes. Le RC des patients est plus élevé de 9.6 et 8.5 bpm selon les mesures LAB et DL, respectivement (p Les analyses statistiques montrent une corrélation entre l’état de fatigue (sous-groupes de patients très, moyennement ou pas fatigués) et le RC (p<0.0001) et l’ASR (p<0.001). Des différences significatives sont ainsi observées entre patients très et non fatigués (p=0.02 pour RC et ASR). L’ajustement à la capacité aérobie conserve ces corrélations à l’état de fatigue.

Conclusions
Le contrôle cardiaque parasympathique est altéré chez les survivants d’allo-HSCT qui présentent un rythme cardiaque accru et une arythmie sinusale respiratoire amoindrie. De plus, ces patients présentent un état de fatigue supérieur et une condition physique diminuée, même après une moyenne de 4 ans après la dernière transplantation. La forme physique semble partiellement responsable des différences observées mais la causalité est méconnue. Le niveau de fatigue des patients joue un rôle important dans cette perturbation du contrôle de la fonction autonome cardiaque, les différences observées étant liée à une fatigue très marquée, même après ajustement au niveau de forme physique. Ces résultats préliminaires d’association à la fatigue sont à approfondir dans de futures études. Les auteurs suggèrent l’utilité d’une estimation de différents niveaux cliniques de dysfonctions du contrôle autonome cardiaque pour l’évaluation des risques cardiovasculaires à long terme.

Texte : jd / esanum
Photo : toeytoey / Shutterstock


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