Quels sont les enjeux de la télémédecine?

On parle de plus en plus de télémédecine et pourtant il est rare de savoir de quoi il s’agit exactement. Avant de parler télémédecine, il est important de revenir sur le terme de télésanté, terme plus général englobant différentes notions. La télésanté

On parle de plus en plus de télémédecine et pourtant il est rare de savoir de quoi il s’agit exactement.

Avant de parler télémédecine, il est important de revenir sur le terme de télésanté, terme plus général englobant différentes notions. La télésanté regroupe l’ensemble des technologies, des réseaux et des services de soins basés sur la télécommunication (et notamment internet) visant à améliorer la santé des patients. Elle intervient entre autres dans la formation, la recherche,les consultations, les diagnostics, les traitements, la prévention, etc … et se retrouve aussi dans les sites ou portails internet aux nombreuses fonctions recommandations, articles, forums…) plus ou moins liées à la santé. Il est important d’être vigilant avec les informations visibles sur la toile, ainsi une mention figure sur les sites répondant à des critères de qualité et de fiabilité : il s’agit des normes HON (« Health on the Net »).

La télémédecine, branche de la télésanté, est définie dans l’article 78 de la loi « Hôpital, patients, santé, territoires » du 21 juillet 2009 comme “une pratique médicale à distance mobilisant des technologies de l’information et de la communication (TIC). Elle met en rapport les patients avec les professionnels de santé ou les professionnels de santé entre eux.” Ce sont surtout les innovations techniques qui ont permis de numériser la médecine, notamment la visioconférence et la micro-informatique : transmission rapide de données à faible coût notamment grâce à internet.

Selon le Ministère de la Santé la télémédecine se divise en cinq types d’activités:

-la téléconsultation : examen d’un patient à distance parfois avec l’aide d’outils connectés et/ou présence d’un professionnel de santé puis transmission des informations au médecin qui pose le diagnostic.

-la télé-expertise : partage de données et d’avis entre plusieurs professionnels médicaux éloignés physiquement dans le cadre de la prise en charge d’un patient.

-la télésurveillance : enregistrement de paramètres médicaux automatiquement ou par le patient lui-même ou par un professionnel de santé puis transmission à un médecin qui les interprète et les contrôle. Elle permet notamment le suivi à domicile des patients atteints de maladies chroniques.

-la télé-assistance : coopération entre un professionnel de santé et un médecin qui le conseille à distance au cours de la réalisation d’un acte.

-la régulation médicale : établissement d’un premier diagnostic téléphonique par les médecins des centres 15 pour déclencher une réponse adaptée au problème

En quoi la télémédecine est-elle un progrès médical ?

Il semble à première vue évident qu’elle apporte des solutions face aux fameux déserts médicaux du territoire français. Elle figure ainsi dans l’un des 12 engagements du pacte « territoire santé » de décembre 2012. L’installation de cabinets de téléconsultation dans les zones isolées remédie autant que possible à la pénurie de médecins spécialistes dans certaines régions. Les hospitalisations à domicile sont également priviligiées, ce qui permet dans un premier temps de réduire les frais de transports et d’accueil des patients à l’hôpital et dans un second temps d’éviter l’éventuel débordement des structures hospitalières du fait du vieillissement progressif de la population. Elle est donc un des grands enjeux de la médecine de demain, sur laquelle de nombreux espoirs sont fondés.

Voici quelques exemples concrets d’utilisation quotidienne de la télémédecine:

Elle joue un grand rôle dans le suivi des maladies chroniques, en particulier les pathologies cardio-vasculaires: l’automesure de la tension artérielle à domicile est par exemple bien plus fiable que celle en cabinet, qui est souvent augmentée par l’effet « blouse blanche ». Le suivi des patients est donc plus régulier et plus précis permettant une meilleure adaptation thérapeutique. Les instruments d’automesure sont accessibles dans le commerce et la communication des données se fait par télétransmission. Cependant cet équipement reste encore rare et un sondage de 2009 sur 1000 médecins généralistes dévoile que seulement 7% seraient prêts à recevoir les tensions mesurées par mail.

L’étude EVALINK-grossesse s’intéresse à l’automesure tensionnelle chez les femmes enceintes à risque d’hypertension gravidique, ce qui pourrait concerner jusqu’à 100 000 femmes en France. Le groupe suivi par « télésurveillance » s’est senti moins fatigué que le groupe suivant la procédure classique  (monitoring ambulatoire, hospitalisation de jour…). Les diagnostics d’hypertension étaient aussi plus fiables: il y avait moins de faux positifs. Enfin, la réduction des coûts est impressionnante : on passe de 732€ par journée d’hospitalisation en service d’obstétrique, à environ 97€ en hospitalisation à domicile (les professionnels de santé se rendent chez la patiente si nécessaire).

Toujours concernant les grossesses la télémédecine a apporté une fluidification réelle des échanges de données en matière d’imagerie médicale. La téléexpertise dans le cadre des diagnostics prénataux s’est développée: elle permet aux femmes enceintes de limiter leurs déplacements et de se rendre à l’endroit le plus proche de leur domicile pour effectuer une échographie. Les données de téléimagerie sont ensuite transmises au centre hospitalier de référence où les médecins qui suivent la grossesse peuvent donner leur avis. Le réseau Maternet, issu du service de Gynécologie du CHU de Nîmes en collaboration avec les maternités départementales, est particulièrement au point. Il a ainsi amélioré les dépistages de malformations fœtales : les contrôles étant plus facilement réalisables et donc plus fréquents.

La télémédecine contribue donc à améliorer la santé de tous, en particulier géographiquement, car les zones de déserts médicaux peuvent s’équiper techniquement. De cette manière, si les médecins ne viennent pas aux patients, les patients se rapprochent d’eux par le biais de la technologie. Ces installations technologiques nécessitent certes un investissement de base en terme de matériel et de formation des professionnels de santé, mais sur le long terme elles pourraient prendre une grande part de la médecine de demain.

L’important est de maintenir une bonne qualité de soin et de ne pas négliger la relation patient-médecin : la télémédecine ne doit pas prendre la place de la médecine actuelle. En effet si l’automesure a su montrer son efficacité, de nombreux projets voudraient que les patients s’autotraitent en fonction des résultats qu’ils obtiennent: n’allons-nous pas trop vite ? La technologie avance à pas de géant : internet à haut débit, messagerie sécurisée… il faut laisser à la médecine le temps de s’adapter. Mais après tout, lire cet article c’est déjà avoir recours à la télé-santé !


Les enjeux de l’esanté et de la télémédecine

L’esanté et la télémédecine font partie des enjeux principaux de la pratique médicale actuelle. Patients et soignants y ont recours, sans toujours en connaitre les enjeux ou risques, c’est pourquoi la rédaction d’esanum en a fait un thème central. Les autres articles sur l’esanté et la télémédecine sont à découvrir : ici !