EBOLA –MSF règle ses comptes avec l’OMS et elle-même  

Cela fait désormais un an que le virus Ebola s’est déclaré dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest dont le Liberia, la Guinée et la Sierra Leone. Sur les 24 000 personnes infectées, plus de 10 000 en sont décédées. Aujourd’hui, alors que le virus est loin d’être endiguer, notamment en Guinée où la situation connaît

Cela fait désormais un an que le virus Ebola s’est déclaré dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest dont le Liberia, la Guinée et la Sierra Leone. Sur les 24 000 personnes infectées, plus de 10 000 en sont décédées. Aujourd’hui, alors que le virus est loin d’être endiguer, notamment en Guinée où la situation connaît un nouveau cas, l’organisation non gouvernementale et humanitaire Médecins sans frontières tire à bouletrouge sur l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dans un rapport publié hier.

“S’ils avaient pris avec sérieux nos revendications depuis le début, nous aurions pu éviter certains décès”, s’est exprimée Micaela Serafini, la directrice du département médical de MSF, au sujet de l’Organisation Mondiale de la Santé

Il est avant tout reproché à l’OMS d’avoir attendu que la contagion devienne un danger international pour décider de réagir. Lorsque cette dernière a déclaré l’urgence sanitaire, en août dernier, plusieurs centaines de personnes auraient déjà été victimes de la maladie. La Guinée avait alors déjà alerté les autorités depuis la fin du mois de mars de la transformation en épidémie de la maladie.

Face à cette critique, l’OMS a reconnu sa trop lente réactivité mais déclare s’être mobilisée à tous les niveaux. D’ici les prochains mois, un rapport réalisé par un comité indépendant devrait tirer des conclusions sur la réaction de l’OMS face à l’épidémie

Médecins Sans Frontières reconnaît également avoir commis des erreurs, notamment en ne préparant pas assez ses équipes soignantes face à cette maladie contagieuse pour laquelle aucun remède n’existe.

Malgré un impressionnant dispositif, avec 1.300 expatriés et 4.000 employés locaux, une formation de 800 volontaires et 250 d’autres organisations ainsi que la création de plusieurs centres dont un de 250 lits, l’ONG n’a pas su prendre assez en compte les patients. En effet, elle s’ autocritique en expliquant que le personnel s’est trop concentré à freiner la maladie plutôt qu’à trouver des solutions pour soigner les malades. “Nous ne pouvions offrir que des soins palliatifs très basiques et il y avait tellement de patients et si peu de personnel que le personnel n’avait en moyenne qu’une minute par patient. C’était une horreur indescriptible”, confie un humanitaire au sujet des camps de soin installés dans les trois pays d’Afrique touchés par la maladie

A ces reproches s’ajoute également le manque de vérification des soignants locaux qui présentaient beaucoup plus de risques que leurs homologues occidentaux et qui n’avaient pas les mêmes chances de survie que ceux soignés en Europe. Sur les 28 membres de MSF contaminés par la maladie, 14 en sont décédés et tous étaient des employés locaux.

La maladie est pour le moment loin d’être totalement sous contrôle. Malgré de nettes améliorations de la situation sanitaire et l’annonce de l’antiviral japonais favipiravir, les autorités restent mobilisées contre cette maladie qui se déclare encore dans plusieurs endroits. Après un mois d’accalmie, un nouveau cas a notamment été découvert au Liberia obligeant le président de la Sierra Leone Ernest Koroma  a annoncé le confinement de sa population du 27 au 29 mars pour éviter toute nouvelle contagion.

Sources et crédit photo : AFP