Comment le docteur “Google” nous pousse à l’hypocondrie

Il est au plus tard conseillé de consulter un spécialiste, lorsque l’hypocondrie n’est plus maitrisable, c’est à dire lorsqu’elle sévit depuis au moins six mois et influence la qualité de vie du malade. Sorti en janvier 2014 le film français « Supercondriaque » met en scène un hypocondriaque notoire

Il est au plus tard conseillé de consulter un spécialiste, lorsque l’hypocondrie n’est plus maitrisable, c’est à dire lorsqu’elle sévit depuis au moins six mois et influence la qualité de vie du malade.

Sorti en janvier 2014 le film français « Supercondriaque » met en scène un hypocondriaque notoire qui vit dans la peur constante de tomber malade à cause de chaque microbe ou bactérie. Évidemment ça peut paraître amusant de voir quelqu’un penser qu’il a un cancer des poumons à chaque coup de froid, un cancer des seins à chaque tiraillement dans la poitrine ou le virus de l’ebola à chaque diarrhée légère, parce que l’on a pris l’avion des touristes revenus de pays d’Afrique où le virus sévit il y a quelques jours .

Mais aussi distrayant que ce film et les expériences personnelles avec des hypocondriaques puissent être, il s’agit la plupart du temps de troubles psychologiques sérieux, qui doivent être traités avec l’aide d’un psychologue. Plus d’un Français sur dix souffrent d’hypocondrie, dans 1% des cas l’hypocondrie nécessite un traitement*. Il faut avoir recours à une aide psychologique au plus tard lorsque l’hypocondrie affecte sérieusement quelqu’un ou met en danger sa vie, dans la mesure où le malade refuse d’aller chez le médecin en cas de maladies réelles car il a peur du diagnostic.

Les visites chez les médecins peuvent être exagérées mais aussi évitées.

Alors que le personnage principal du film passe son temps assis dans la salle d’attente du médecin, la réalité est en fait parfois inversée. Un hypocondriaque évite de se rendre chez le médecin car il a soit l’impression de ne pas être pris au sérieux, soit peur d’être en effet gravement malade et préfère ne pas connaître le diagnostic. Ce faisant les douleurs ne sont pas imaginées mais bien réelles. C’est seulement le raisonnement des hypocondriaques qui est faux dans la mesure où ils pensent qu’une grave maladie se cache derrière leurs symptômes alors qu’il s’agit la plupart du temps d’un mal bénin. Les crises de panique ne sont pas inhabituelles, ce qui les pousse à aggraver les symptômes de panique tels que les vertiges, les nausées ou les contractures. Un cercle vicieux duquel le malade ne peut bien souvent plus sortir seul se met alors en place et ses pensées sont sans cesse tournées vers les maladies supposées.

L’hypocondrie touche le plus souvent les personnes sujettes aux angoisses et à l’écoute obsessionnelle de leur corps. Pour peu qu’à cela s’ajoutent un passif de maladies graves dans son entourage, des erreurs de diagnostique ou des fautes professionnelles de la part d’un médecin, une peur maladive peut être provoquée. Internet et plus exactement “Docteur Google” joue un rôle non négligeable dans ce phénomène.  Quiconque tape sur Google ou tout autre moteur de recherche des mots-clés anodins tels que “douleurs à la poitrine”, “quinte de toux” ou encore “tiraillement au niveau des reins”  est alors redirigé vers des sites internet au sérieux parfois discutable. Dans le meilleur des cas on se retrouve sur des sites tels que “doctissimo” et dans le pire, sur des portails promettant la guérison et la thérapie grâce à des moyens discutables. Les hypocondriaques se révèlent particulièrement sensibles à ce genre de charlatanisme, qui joue avec les peurs des autres pour leurs proposer des solutions ayant bien évidemment un coût exhorbitant.

Compassion et compréhension provoquent la consécration

Comment l’entourage doit-il réagir face à quelqu’un qui, à l’évidence, se laisse aller dans la maladie ou alors voit le pire partout ? Il n’est pas inhabituel que les personnes stressées dans leur vie professionnelle ou personnelle aient tendance à être anxieuses. Avant d’étiqueter quequ’un d’ hypocondriaque, il faut prendre en considération sa situation personnelle.   Si la personne a déjà été gravement malade il est compréhensible qu’elle craigne une rechute.

Si les examens médicaux ne permettent pas de se débarrasser des soucis de santé alors il est temps de prendre le chemin du psychiatre ou du psychologue. Ce n’est pas en faisant des recherches communes sur Google que l’entourage peut aider un hypocondriaque mais tout simplement en le convaincant de se rendre chez le médecin.

 

* Étude Ifop/Capital Image du 17  au 19 juillet 2013  //www.capitalimage.net/actualite-article.asp?id=48