Diabétologie – dosage du glucagon : les tests commerciaux remis en cause ?

Ne jamais octroyer une confiance aveugle et toujours valider sa méthodologie. Ce concept primordial de la recherche scientifique nous est clairement rappelé dans une étude récente intitulée « Inability of some commercial assays to measure suppression of glucagon secretion » (Journal of Diabetes Research, DOI : 10.1155/2016/8352957). Partant du f

Ne jamais octroyer une confiance aveugle et toujours valider sa méthodologie. Ce concept primordial de la recherche scientifique nous est clairement rappelé dans une étude récente intitulée « Inability of some commercial assays to measure suppression of glucagon secretion » (Journal of Diabetes Research, DOI : 10.1155/2016/8352957).

Partant du fait que le dosage du glucagon est très largement utilisé comme critère d’évaluation de nombreux essais cliniques relatifs au diabète, les auteurs nous proposent ici une étude comparative de 4 méthodes de dosage de ce peptide hormonal essentiel à l’équilibre glycémique. Les méthodologies ici testées sont basées sur la reconnaissance anticorps-antigène couplée à une détection par radioactivité (A), réaction enzymatique (B), électrochemiluminescence (C) ou fluorescence (D). Les mesures de glucagon plasmatique ont été faites par chaque méthode sur des échantillons de 5 participants mâles en bonne santé, prélevés avant et après un clamp de glucose à une concentration de 6 mmol/L, avec ou sans infusion d’atropine (favorisant la baisse de concentration plasmatique de glucagon).

Les résultats sont surprenants dans le sens où les 4 méthodes (réalisées selon les instructions des fabricants respectifs) ne permettent pas toutes de mettre en évidence la diminution de glucagon induite. Si les méthodes A et B révèlent cette diminution avec ou sans ajout d’atropine, les méthodes C et D ne le permettent pas en son absence. Ceci traduit un défaut de sensibilité (capacité à détecter de très petites variations de concentration) de ces 2 méthodes. De manière générale, la détection fluorescente est pourtant connue pour être très sensible sans présenter les inconvénients de la radioactivité (méthode la plus sensible). De plus la méthode C donne un niveau basal de glucagon supérieur aux 3 autres méthodes, mettant en évidence un manque de spécificité. En effet, plusieurs peptides présentant une grande homologie de séquence avec le glucagon sont présent dans la circulation sanguine, et la méthode C semble ne pas être adaptée pour les discriminer.

En conclusion, la spécificité et la sensibilité de tests immunologiques sont des critères très importants pour la fiabilité des résultats et il s’avère que dans le cas du glucagon, certains tests commerciaux n’apportent pas cette assurance. Ceci est très problématique sachant que de nombreux essais cliniques sur le diabète reposent entre autre sur la mesure du glucagon. Les auteurs mentionnent enfin la spectrométrie de masse quantitative sans marquage comme alternative aux dosages biochimiques classiques. S’ils ne sont pas encore convaincus par cette approche, il ne fait aucun doute qu’elle est pourtant utilisée avec succès d’après la littérature existante.

Texte : esanum / jd

Photo : Designua / Shutterstock


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