En effet, une forte action ionisante sur le corps humain mène à un syndrome d’irradiation aiguë qui est dose-dépendant et a des répercussions en priorité sur les systèmes hématopoïétique, gastro-intestinal et cérébro-vasculaire. Le système hématopoïétique est le tissu le plus fragile face à ces radiations mais son atteinte n’est décelable pour le moment que minimum 2 semaines après exposition. Or plus on attend, et moins les greffes de moelle deviennent aptes à donner une chance de survie aux personnes exposées à des doses létales de radiations.
Une équipe de chercheurs s’est donc penchée sur une méthode pouvant prédire de façon plus précoce les retentissements néfastes des radiations sur l’organisme, en particulier sur le système hématopoïétique, afin de pouvoir « trier » plus rapidement les victimes de radiation lors d’éventuelles catastrophes/attaques nucléaires, et de pouvoir les prendre en charge plus rapidement, lorsqu’il est encore temps d’intervenir.
Il s’agit des Micro-RNA, dits miRNA, qui sont des molécules ayant un rôle clé dans l’inactivation ou l’activation de l’expression des gènes. Certains sont retrouvés dans le plasma, sous une forme très stable, d’où l’intérêt de leur étude, d’autant plus que l’on peut les obtenir de manière non invasive. Pour le moment, les tests précliniques sur les souris viennent de s’achever sur des résultats concluants et mettant en évidence 5 miRNA (187-3p, 194-5p, 27a-3p, 30a-3p, et 30c-5p) dans le sérum comme principaux marqueurs du taux de radiation subi, 24 heures seulement après l’irradiation. Après 7 jours, ils permettaient encore de distinguer une différence, mais moins évidente.
Ces taux différents d’irradiations reçus et détectés par cette nouvelle méthode de biodensitométrie « omique » ont pu également être corrélés à la dose (létale, sublétale) et l’expression clinique (déplétion médullaire, mort dans les 10 jours suivant l’exposition,…). Afin de faire valoir cette étude sur l’Homme, l’équipe de recherche a réitéré les expériences menées sur les souris « de base », sur des souris « humanisées », ayant reçu une greffe de moelle humaine (huCD4+). Sur ces échantillons, ils ont également été capables de détecter les modifications significatives de ces 5 miRNA en fonction de la dose irradiante reçue.
Alors que jusqu’à présent, les méthodes d’estimation de la dose reçue lors d’une irradiation accidentelle reposaient sur des techniques souvent longues et imprécises – telles la déplétion lymphocytaire (globules blancs), l’analyse de l’apparition d’anormalités chromosomiques et l’apparition de symptômes cliniques – , le dosage des miRNA constituerait une méthode rapide, reproductible et facile à mettre en œuvre de détection des doses de radiations reçues ainsi que leur impact létal éventuel.
L’équipe de chercheurs espère maintenant pouvoir mener des essais sur des patients exposés accidentellement aux radiations, en lien avec les instituts qui les prennent en charge. Cependant, les patients atteints ne se présentent pour la plupart pas aussi rapidement devant une équipe médicale. C’est pourquoi les équipes médicales recherchent actuellement d’autres miRNA mettant en évidence les différences de doses et leur impact à plus long terme que ces 5 derniers étudiés.
Sources : institut oncologique Dana-Farber de Boston / esanum