Déficit cognitif lié à l’âge chez l’homme : la testostérone hors de cause ?

La testostérone est la principale hormone sexuelle masculine, à l’origine de la différentiation sexuelle. Cette hormone décroit avec l’âge, et un apport exogène est de plus en plus utilisé, améliorant potentiellement les fonctions cognitives. Dans une étude récente parue dans Scientific reports (« A mendelian randomization study of testosterone

La testostérone est la principale hormone sexuelle masculine, à l’origine de la différentiation sexuelle. Cette hormone décroit avec l’âge, et un apport exogène est de plus en plus utilisé, améliorant potentiellement les fonctions cognitives. Dans une étude récente parue dans Scientific reports (« A mendelian randomization study of testosterone and cognition in men », doi : 10.1038/srep21306), des chercheurs ont étudié l’association potentielle entre testostérone endogène et fonctions cognitives chez des individus mâles âgés, en se basant sur des marqueurs génétiques.

De nombreuses études observationnelles comme interventionnelles ont été menées sur la question et les résultats sont très contradictoires. Des facteurs environnementaux intervenant tout au long de la vie d’un individu peuvent avoir un effet sur ses fonctions cognitives évaluées à un âge avancé. Pour éviter le biais de ces divers facteurs, les auteurs de cette étude ont choisi de ne pas prendre en compte le taux de testostérone actuel des 4212 participants, mais de se baser sur leur « potentiel » de testostérone via des marqueurs génétiques (3 SNPs, Single Nucleotide Polymorphism) lié à cette hormone.

Pour se faire, un algorithme prédictif du taux de testostérone a été élaboré grâce à l’analyse de ces marqueurs génétiques et du taux actuel de testostérone sur des individus jeunes issus de la même population (chinois de Hong-Kong), de façon à assurer une homogénéité génétique avec les participants âgés. Les mêmes marqueurs ont été analysés chez les participants qui ont également participé à 2 tests cognitifs (delayed 10-word recall et Mini-Mental State Examination). Quelques critères sur les participants comme l’âge, l’éducation, la consommation de tabac ou d’alcool se sont montrés sans effet sur le score génétique de testostérone. De même, il s’est avéré que ce score n’était corrélé à aucun des scores des 2 tests cognitifs effectués.

Ces résultats n’améliorent pas le flou actuel entourant la baisse de testostérone et le déficit cognitif progressif. Cependant, les auteurs déplorent la faible proportion d’études génétiques sur la testostérone dans la population chinoise en comparaison avec les études caucasiennes. De ce fait, peu de marqueurs génétiques sont disponibles et il est possible de manquer des informations importantes à ce niveau. Un autre point important est la possibilité que les marqueurs utilisés ne soient pas uniquement associés à la testostérone, et notamment à d’autres facteurs influant sur les fonctions cognitives. Enfin, les auteurs ne négligent pas le fait que le nombre de participants ne donne pas assez de force statistique pour détecter une potentielle corrélation.

Texte : jd / esanum
Photo : Zerbor / Shutterstock


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