Covid-19 : un tiers des patients non hospitalisés ont des symptômes persistants

Pour mieux comprendre le phénomène des Covid-longs, des médecins et épidémiologistes ont suivi près de 700 personnes positives au SARS-CoV-2. Six semaines après le diagnostic, 33% d’entre elles présentent encore des symptômes. Il est primordial de faire reconnaître ces souffrances via de larges campagnes d'information à destination notamment des soignants et des employeurs.

Pour mieux comprendre le phénomène des Covid-longs, des médecins et épidémiologistes ont suivi près de 700 personnes positives au SARS- CoV-2, dont l’état n’a pas nécessité d’hospitalisation. Six semaines après le diagnostic, 33% d’entre elles souffrent encore de fatigue, de perte d’odorat ou du goût, ou encore d’essoufflement et de toux.

«Nous avons mis sur pied dès le mois de mars le dispositif de suivi «COVICARE», afin d’offrir un suivi à distance aux malades pouvant être pris en charge de manière ambulatoire en l’absence de leur médecin traitant.» explique le Dr professeur Idris Guessous - épidémiologiste aux Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) - qui a dirigé ces travaux. «Nous avons ainsi pu comprendre l'évolution de la maladie chez les personnes ne souffrant, pour la majorité d’entre elles, ni de facteurs de risques particuliers, ni d’une forme grave de la maladie


L’étude 

Du 18 mars au 15 mai 2020 - période du recrutement de cette étude1 - seules les personnes symptomatiques étaient testées. De nombreux cabinets de médecins généralistes étant fermés, les personnes qui n'étaient pas hospitalisées d'emblée ont pu bénéficier d'un suivi à distance via un centre de soins ambulatoires (processus COVICARE).  


Résultats

Ces résultats sont conformes à une étude américaine2 portant sur 274 participants. Les auteurs avaient signalé la persistance des symptômes 14 à 21 jours après le diagnostic.


Beaucoup d'inquiétudes, pas assez d'information

La Dre Mayssam Nehme, première auteure de ces travaux, décrit l’état d’esprit des malades: «Outre la pénibilité physique de leurs symptômes, beaucoup étaient très inquiets de savoir combien de temps allait durer leurs symptômes. Certaines séquelles demeurent d’ailleurs sans réponse médicale claire. Dans l’état actuel des connaissances, il est important d’accompagner les personnes concernées et de les écouter», ajoute-t-elle. 

Pour Mayssam Nehme une large campagne d’information auprès de la population, des soignants mais aussi des employeurs est nécessaire. «Il est essentiel que toutes et tous se rendent compte que même des personnes à priori en bonne santé peuvent se retrouver épuisées par la Covid-19, même plusieurs semaines ou mois après l’infection.»

Reconnaître la persistance des symptômes est une première étape face aux inquiétudes légitimes des patients. La création de consultations spécifiques pour les cas de Covid-longs permet d'optimiser leur prise en charge.

L’étude - dont les premiers résultats ont été publiés dans la revue Annals of Internal Medicine - se poursuit. Il s'agit pour les auteurs de comprendre l’évolution à long terme de ces malades, en assurant le suivi de la cohorte à 3 mois, 7 mois et 12 mois après l’infection.


Références :
1- COVID-19 Symptoms: Longitudinal Evolution and Persistence in Outpatient Settings
2- Symptom Duration and Risk Factors for Delayed Return to Usual Health Among Outpatients with COVID-19 in a Multistate Health Care Systems Network