Comment rendre la pratique de la médecine plus humaine ?

A l’occasion de son deuxième colloque national qui se tiendra à Paris le 24 et 25 juin prochain, revenons sur la Société Médicale Balint qui cherche à remettre la relation praticien/patient au coeur de la profession.

La Société Médicale Balint (SMB) est une association créée en 1967. Elle trouve son origine dans la méthode formation-recherche développée par Michael Balint, psychiatre britannique d’origine hongroise et qui a pour vocation de remettre la relation entre médecins et patients au coeur des préoccupations de l’exercice.

« Le médecin qui fait du Balint est un médecin qui est capable de prendre un peu de recul par rapport à la relation qu’il a avec son patient, et par rapport à son exercice professionnel », explique Roger Lagueux, responsable du collège de formation des leaders Balint au sein de la société.

Société savante reconnue par la formation médicale continue, avec des programmes annuels DPC, elle se constitue de groupes répartis dans toute la France et dans le monde. Les groupes Balint se rencontrent régulièrement pour l’analyse de cas cliniques qui sont sujets à questionnement. L’objectif est de prendre en compte le récit du patient et du praticien pour soigner d’une façon plus empathique.

Dans la pratique médicale et dans l’enseignement de la médecine, le patient est trop souvent perçu comme une somme de symptômes à soigner, plutôt que comme une personne avec une histoire propre à elle-même. Ancrés dans une routine thérapeutique, souvent par faute de temps et de moyens, les entretiens médicaux sont déshumanisés, ignorant la souffrance des patients et isolant les médecins dans leur pratique.

Balint considérait que « le médicament de beaucoup le plus fréquemment utilisé en médecine générale est le médecin lui-même. »  Basés sur l’échange entre soignants, les groupes Balint ont le désir de « partager des vécus et être soi-même entendu comme le patient espère l’être ». Roger Lagueux ajoute que « face à une médecine technicisée et rentable, les Balintiens disent 'entrer en résistance', pour une autre façon de soigner qui s’occupe du sujet en étant soi-même sujet », au risque d’être marginalisés dans les institutions.

Deuxième colloque national Balint : appréhender les questions du malaise de la clinique

« Dans le contexte sociétal et environnemental actuel, le malaise de la clinique dans le soin s’est considérablement accentué et développé. Les soignés en souffrent, parfois en parlent. Leur dignité serait-elle bafouée ? Les soignants sont aussi malmenés : la traçabilité, l’efficacité, la rentabilité, la technicité… sont érigées en modèle au nom de l’efficience. Toutes ces exigences du système de santé mettent en cause les valeurs constitutives de l’engagement éthique du soignant », explique Roger Lagueux.

Le colloque qui se tiendra à Paris les 24 et 25 juin prochains appréhendera les questions du malaise des patients et des soignants, et tentera d’élaborer des voies d’ouverture, en s’appuyant sur l’expérience des praticiens et la méthode Balint.