La chirurgie française est-elle encore la meilleure du monde ?

Pendant longtemps la chirurgie de notre pays était considérée comme la meilleure tant par la qualité de mes collègues que par nos techniques de pointe.Avec la crise du système de soins et les réformes en cours, la question se pose avec acuité.

Pendant longtemps la chirurgie de notre pays était considérée comme la meilleure tant par la qualité de mes collègues que par nos techniques de pointe.

Avec la crise du système de soins et les réformes en cours, la question se pose avec acuité.

La durée de formation s’est allongée avec les réformes et la récompense justifiée par ce métier difficile n’est plus au rendez-vous, notamment à cause de la judiciarisation ; en particulier pour la chirurgie viscérale ce qui décourage les nouvelles générations.

La « French Revolution »

Cette métaphore élogieuse avait été prononcée pour la première fois par un chirurgien américain lors d’un congrès aux États-Unis en 1987. Elle désigne la chirurgie mini invasive ou cœliochirurgie, parfait exemple de l'avancée française en matière de chirurgie à l'époque.

Elle illustre parfaitement l’impact mondial de cette technique tant critiquée en France par nombre d’hospitaliers alors que nous en étions les promoteurs.

Difficile à mettre au point à ses débuts, faute de connaissance et de matériel il avait fallu tout inventer ! 

Philippe Mouret actuellement disparu en a été le promoteur :

Le Docteur Philippe Mouret, Yves Rochet et Michel Cognat en 1968 sont avec quelques autres (Bruhat, Mannes) ses promoteurs.

Mes débuts personnels

Je rencontrerai Philippe Mouret dans les années 90 à Valence à un symposium sur les hernies auquel j’étais invité par Edmond compte tenu de mon expérience des prothèses (Prothèses de Kron en crinofils).

Ils étaient les organisateurs de cette réunion à laquelle participaient nombre de cœlioscopistes européens.

Je fus alors convaincu de l’intérêt de cette « nouvelle chirurgie » et j’entrais peu après au conseil scientifique de la revue le Journal européen de cœliochirurgie.

Le compagnonnage permit à un petit nombre de chirurgiens libéraux, dont je suis fier d’avoir fait partie, d’oser commencer.

Seuls au début quelques chirurgiens libéraux et certains praticiens hospitaliers en particulier à Bordeaux, Clermont — Ferrand, Lyon et Strasbourg vont se lancer et l’adopter. Il y avait en effet à cette époque, de la part de certains chirurgiens hospitaliers, une levée de boucliers, car elle n’était pas sans dangers.

La nécessité de se déplacer pour « voire faire avant de savoir faire » découragea beaucoup de chirurgiens pourtant très expérimentés en chirurgie viscérale :  

« Pourquoi reprendre par le début ce que nous faisions en sécurité et en moins de temps ? »

Il me fallut attendre d’avoir pratiqué une trentaine de cholécystectomies pour que le temps opératoire devienne  inférieur à celui de la chirurgie ouverte et aussi fiable, le danger étant de sectionner la voie biliaire principale.

L’assistance par ordinateur

Le summum de ces techniques est atteint avec la chirurgie endoscopique mini invasive transluminale développée depuis 2004 par l’Institut de Recherche contre les Cancers de l’Appareil Digestif (IRCAD) à Strasbourg.

La robotique permet le contrôle automatique de l’extrémité de l’endoscope pour le synchroniser avec les mouvements respiratoires du patient et évite le tremblement.

Le coût est prohibitif et les temps de maintenance en limitent les possibilités (plus de  4 000 € par intervention)... !

J’évoque ces risques dans le chapitre « complications iatrogènes de la chirurgie robotique dans mon livre : Chirurgie chronique d’une mort programmée, Éditions L’Harmattan.