Régime alimentaire et cancer du poumon, le “Tex-Mex” à l’honneur.

Le cancer du poumon est le deuxième cancer le plus répandu aux États-Unis, hommes et femmes confondus. Outre la consommation de tabac, le régime alimentaire est également déterminant dans le cancer du poumon. L’analyse des habitudes alimentaires suggère qu’une consommation élevée de légumes est associée à un risque amoindri de développer un canc

Le cancer du poumon est le deuxième cancer le plus répandu aux États-Unis, hommes et femmes confondus. Outre la consommation de tabac, le régime alimentaire est également déterminant dans le cancer du poumon. L’analyse des habitudes alimentaires suggère qu’une consommation élevée de légumes est associée à un risque amoindri de développer un cancer du poumon, tandis que ce risque est accru par un régime “occidental” riche en graisses et viandes rouges. De plus, l’environnement génétique semble pouvoir altérer l’effet d’un régime alimentaire sur le cancer du poumon.

Des analyses génomiques ont mis en évidence des loci de susceptibilité à ce cancer, dont deux gènes codant des protéines importantes dans la réponse inflammatoire (C-reactive protein, CRP et Interleukin 1 receptor accessory protein, IL1RAP), dont l’association avec le régime alimentaire n’est plus à démontrer. Dans ce contexte, une étude à paraître dans Nature Scientific Reports (DOI: 10.1038/srep26760) a été menée afin d’étudier l’association entre habitudes alimentaires typiquement américaines et risque de cancer du poumon non à petites cellules (non-small cell lung cancer, NSCLC), ainsi que l’effet potentiel de la consommation de tabac et des marqueurs génétiques connus de susceptibilité sur cette association.

Les données de 2139 cas de NSCLC et 2163 cas contrôles associés, issus d’une base de donnée d’une étude sur le cancer du poumon basée au Texas, ont mis en évidence trois types de régimes alimentaires “fruits et légumes”, “américain/occidental” et “Tex-Mex”. Les individus des groupes cancer et contrôles diffèrent de part le niveau d’éducation, la consommation annuelle de cigarettes, l’historique familial de cancer du poumon, l’indice de masse corporelle, le niveau d’activité physique et la dose journalière de protéines.

Les analyses statistiques, ajustées selon ces différents facteurs, révèlent un risque accru de NSCLC de 45% pour le groupe “occidental” (p<0.001) et un risque moindre (p<0.001)  de 32% et 55% pour les groupes “fruits et légumes” et “Tex-Mex”. Ces effets montrent la même tendance quelque soit le type de NSCLC (adénocarcinome, carcinome squameux et autres types), mais l’effet bénéfique du groupe “fruits et légumes” est plus marqué pour le carcinome squameux (OR=0.49, p<0.001) tandis que l’effet néfaste du régime “occidental” est plus marqué chez les autres types de NSCLC (OR=1.81, p<0.001). Le régime “Tex-Mex” semble quant à lui très bénéfique pour tous les types de NSCLC (OR=0.45, 0.54 et 0.34 respectivement, p<0.001). Enfin, parmi les marqueurs génétiques connus de susceptibilité au NSCLC étudiés (6 SNPs), 4 se sont révélés associés au risque de cancer dans cette étude, et un seul (marqueur rs2808630, gène de la CRP) a montré des effets significatifs sur l’association entre régime alimentaire et cancer du poumon. L’effet bénéfique du groupe “fruits et légumes” n’est obtenu que si le marqueur est absent (OR=0.42, p=0.03) et l’effet néfaste du groupe “occidental” nécessite au moins une copie de l’allèle muté (OR=1.93, p=0.02). Enfin l’effet du régime “Tex-Mex” est bénéfique quelque soit l’environnement génétique de ce locus.

En conclusion, cette étude cas-témoins a montré pour la première fois que le régime alimentaire “Tex-Mex” possède un effet bénéfique en diminuant le risque de cancer du poumon. Si le mécanisme impliqué n’est pas clair, le fort apport de phytoestrogènes, d’épices et de dérivés d’acide linoléique par ce régime est probablement impliqué (effets anti-cancer reconnus). C’est également la première étude à mettre en avant une altération des effets des régimes “fruits et légumes” et “occidental” par un environnement génétique particulier dans le gène codant la protéine CRP, probablement en lien avec une modification de la réponse inflammatoire. Cette étude se limite à une population majoritairement blanche non-hispanique et n’est donc pas forcément généralisable. Si de nouvelles études devront confirmer les effets observés et en déterminer les mécanismes, cette étude ajoute de nouvelles connaissances sur le rôle important du régime alimentaire sur la cancérogenèse du poumon.

Texte : esanum / jd
Photo : Minerva Studio / Shutterstock


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