Le bioverre stimule la reconstruction naturelle des os

Le bioverre a été inventé en 1969, alors que l’armée américaine cherchait des solutions pour limiter le nombre d’amputations parmi ses blessés du Vietnam. Pendant longtemps son usage a été confiné au domaine de la recherche, mais il est maintenant aussi utilisé à des fins médicales. Le bioverre permet de stimuler la reconstruction na

Le bioverre a été inventé en 1969, alors que l’armée américaine cherchait des solutions pour limiter le nombre d’amputations parmi ses blessés du Vietnam. Pendant longtemps son usage a été confiné au domaine de la recherche, mais il est maintenant aussi utilisé à des fins médicales.

Le bioverre permet de stimuler la reconstruction naturelle des os. À l’heure actuelle environ un million de patients dans le monde ont déjà été traités avec du bioverre, ce qui constitue une part infirme du marché global des greffes et substituts osseux. Cette faible utilisation du bioverre s’explique par son prix. Céline Saint Olive Baque, directrice générale de la société Noraker, l’un des rares fabricants au monde du “45S5”, le plus vertueux des verres bioactifs, composé à 45% de silicium, 24,5% de calcium, 24,5% de sodium et 6% de phosphore explique : “C’est un produit qui coûte cher, car le silicium provient du quartz”. En France, le bioverre est remboursé par l’assurance-maladie et une boîte de 16 grammes coûte 230 euros.

Chaque jour Noraker produit un kilo de bioverre par blocs de 500 grammes extraits de deux gros fours industriels après une cuisson à 1.400 degrés, 14 heures durant. À la sortir du four le bioverre est plongé dans de l’eau froide et passe instantanément d’un état de lave en fusion à celui de granules translucides, qui sont ensuite séchés, puis conditionnés.

Le professeur Cédric Barrey, chirurgien du rachis à l’hôpital Pierre Wertheimer de Bron, l’utilise depuis 18 mois et explique : “L’intérêt du bioverre c’est qu’il va stimuler les cellules responsables de la repousse osseuse”, les ostéoblastes, “et qu’il se résorbe totalement” dans l’organisme au bout de 3 à 6 mois. Après avoir posé vis et tiges en titane pour réparer les os défectueux, la touche finale est mise : avant de refermer la zone incisée, le chirurgien la tapisse d’une trentaine de grammes de ce biomatériau ressemblant à du gros sel, humidifié pour former une masse compacte et cohésive, puis mélangé à des bouts d’os de la patiente prélevés lors de l’intervention. “C’est une sorte de pâte de crumble” sourit Céline Saint Olive Baque.

Alors  que certains pays, notamment dans le monde musulman “rejettent complètement” les substituts osseux d’origine humaine et animale, pour des raisons culturelles les substituts osseux synthétiques affichent les plus fort taux de croissance du marché orthopédique souligne la directrice générale de la société Noraker. Ainsi la Turquie est ainsi le premier marché de Noraker, la société vend aussi en Egypte et en Iran, en Europe et en Amérique latine, et a enregistré en mai sa première commande en Asie. La société espère décrocher une autorisation de la FDA d’ici fin 2017 afin d’élargir son marché aux Etats-Unis.

Parmi ses projets en cours, Noraker travaille sur un projet de cartilage artificiel à base de bioverre modifié en partenariat avec l’Imperial College de Londres.  Mme Saint Olive Baque pronostique que cela pourrait déboucher “d’ici 6-8 ans” sur des solutions concrètes contre l’arthrose.

Texte : AFP / esanum

Crédits photo : AFP