Assistance médicale à la procréation : la congélation embryonnaire augmente le poids de naissance

La congélation embryonnaire a un impact significatif sur le poids de naissance des enfants nés après une fécondation in vitro. Cette découverte est particulièrement importante car il est admis que le poids de naissance influence la santé du nouveau-né jusqu’à l’âge adulte.

Une étude1 lève un doute sur l’innocuité de la congélation embryonnaire. Le CHU de Montpellier et l’Inserm ont publié le 16 septembre une étude observationnelle internationale (CHU de Montpellier, Inserm, CHU de Grenoble, clinique OVO de Montréal) portant sur la différence de poids entre les enfants nés à la suite d’une congélation embryonnaire et ceux issus d’embryons frais.

La congélation embryonnaire, une méthode efficace

Grâce à l’assistance médicale à la procréation (AMP), la cryoconservation embryonnaire a permis d’augmenter significativement le taux cumulatif de grossesses par ponction et de limiter ainsi les grossesses multiples, par un transfert électif mono-embryonnaire.

La congélation embryonnaire est donc une alternative encourageante en termes de taux de succès permettant de congeler les embryonnaires surnuméraires pour un replacement différé dans la cavité utérine. Elle ouvre aux couples la possibilité d’augmenter leur chance de la survenue de naissance.

271 grammes de différence

Cette étude démontre que le poids de naissance des enfants nés après replacement d’embryons réchauffés est significativement plus élevé que celui des enfants nés après replacements d’embryons frais. Cette augmentation de poids de naissance est indépendante du nombre total d'accouchements antérieurs des patientes.

Il s’agit de la même cohorte embryonnaire : tous les embryons ont été conçus en même temps et avec les mêmes traitements. La seule différence pour ces familles est que leur premier enfant est né après le replacement d’un seul embryon frais et que le second est né après replacement d’un seul embryon congelé. L’intervalle entre les deux enfants varie de 13 à 75 mois selon la famille.

En comparant des enfants issus de la même cohorte ovocytaire, cette étude permet de s’affranchir totalement des facteurs maternels. Après ajustement sur les facteurs confondants tels que l’âge maternel à l’accouchement, le rang de parité et le sexe de l’enfant, on retrouve une différence de 271 g entre l’enfant né après transfert d’un embryon congelé et l’enfant né après transfert d’un embryon frais.

Autrement dit, le second enfant fille ou garçon est plus gros que sa grande soeur ou son grand frère nés après replacement d’un embryon frais.

Pourquoi cette différence ?

Une hypothèse avancée est celle de l’environnement intra-utérin. Lors d’un transfert d’embryon congelé, l’environnement intra-utérin serait plus favorable, n’ayant pas été altéré par le protocole de stimulation ovarienne comme pour un transfert d’embryon frais.

L’étude relève que le poids de naissance après transfert d'embryon congelé est aussi plus élevé que le poids de naissance moyen après grossesse spontanée en France sur la même période. Pourtant, on peut raisonnablement se dire que l'environnement utérin ne serait pas plus favorable après transfert d’un embryon congelé qu'au cours d'une grossesse spontanée.

Il y a donc d'autres facteurs à explorer pour comprendre comment la congélation impacte le poids de naissance.

Cette étude a été menée à l’initiative du Pr. Hamamah, coordonnateur du département Biologie de la Reproduction au CHU de Montpellier et Directeur de l’unité Inserm « Développement Embryonnaire Précoce Humain et Pluripotence. »

1- Cryopreserved embryo replacement is associated with higher birthweight compared with fresh embryo: multicentric sibling embryo cohort study
Margaux Anav, Simon Phillips, Alice Ferrieres-Hoa, Anna Gala, Alice Fournier, Claire Vincens, Emmanuelle Vintejoux, Elsa Maris, Camille Grysole, François Bissonnette, Sophie Brouillet, Isaac Jacques Kadoch & Samir Hamamah
Scientific Reports- volume 9, Article number: 13402 (2019)